Entretien avec Edouard Loko, membre du comité technique chargé des médias de la coordination nationale de la campagne du candidat Talon

Entretien avec Edouard Loko, membre du comité technique chargé des médias de la coordination nationale de la campagne du candidat Talon

Dans le cadre de l’initiative sur l’élection présidentielle au Bénin, WATHI est allé à la rencontre d’Edouard Loko, chargé de mission du président Talon et membre du comité technique chargé des médias de la coordination nationale de la campagne du candidat Talon. Dans cet entretien, le collaborateur du président Talon revient sur la vision de son candidat pour les cinq prochaines années et les mesures phares de son programme et de sa gouvernance.

Qu’est qui motive la candidature à un nouveau mandat du président Talon ?

Le président Talon veut poursuivre l’œuvre entamée parce qu’au cours de la grande tournée nationale qu’il a effectuée fin 2020, les Béninois lui ont fait savoir qu’ils en voulaient encore et encore…. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, la majorité des Béninois ne veulent aucunement que Patrice Talon laisse inachevée la gigantesque et courageuse œuvre qu’il a entreprise pour procurer un minimum de bien-être à chacun.

 

Quelle appréciation faites-vous des dernières réformes constitutionnelles intervenues sous la présidence Talon ?  

Le parrainage et d’autres réformes politiques de 2018 même si elles ont été concrétisées sous Patrice Talon ne sont pas, ne l’oublions pas, de son unique inspiration. Elles ont été décidées et souhaitées bien avant lui. Les preuves existent ! Mais personne n’avait le courage de leurs donner vie car elles bousculent tant d’intérêts et sont potentiellement dangereuses pour le mandat du Président qui oserait les mettre en œuvre.  Ces réformes notamment le parrainage étaient vitales pour que notre Démocratie cesse d’être une « démocratie Nescafé » ou une démocratie « Y a bon banania ». Une démocratie sans eau, sans électricité et sans perspectives pour les jeunes ; mais avec une multitude de clubs électoraux qui périodiquement animent la foire électorale, qui font le bonheur de certaines ONG et la bonne conscience d’autres…

 Ces réformes notamment le parrainage étaient vitales pour que notre démocratie cesse d’être une « démocratie Nescafé » ou une démocratie « Y a bon banania »

 

Selon vous, quel est le principal enjeu de la présidentielle de 2021 au Bénin ?  

L’enjeu, c’est que le Bénin, précurseur de la Démocratie en Afrique au début des années 1990 puisse rester et demeurer un pays où dans la paix, le respect des citoyens, du bien public, des libertés, les gouvernants essaient de sortir de la misère ambiante les populations. C’est un combat pour le développement, une lutte contre la pauvreté au détriment de l’anarchie et de l’intimidation politique.

Comme le dit le président Talon, « que désormais les Africains se révoltent, protestent et marchent quand les dirigeants détournent ou gaspillent des milliards comme on les amène à marcher et parfois dans la violence pour défendre de « pseudo droit politiques » qu’on leur rachète ensuite à vil prix dans les urnes avec l’argent de la corruption ».

 

Quelles seront les trois priorités du président Talon s’il est réélu dans le domaine de la gouvernance et des institutions ?  

Les réformes les plus douloureuses mais bénéfiques pour tout le pays sont déjà en cours pour instaurer durablement la bonne gouvernance des affaires publiques. Il s’agit d’abord de continuer à veiller à ce que les ressources publiques soient de plus en plus respectées et profitables au grand nombre ; ensuite de consolider ces réformes et les rendre irréversibles et enfin mieux faire adhérer tous les Béninois à ces changements en continuant à faire bénéficier au-delà du collectif, chacun de façon individuelle des fruits engrangés.

 

Quelle sera la politique de décentralisation et de développement local de votre candidat ?

Vous constaterez désormais qu’il y a une nouvelle éthique de la gouvernance qui impose à tous le respect du bien public. Elle sera poursuivie puisqu’elle a fait que nos communes et municipalités soient aujourd’hui mieux gérées qu’avant. Les maires ne sont plus des potentats politiques libres par exemple de disposer des ressources domaniales et financières des communes à leur guise. En retour, l’apport financier de l’État s’est décuplé.

Vous constaterez désormais qu’il y a une nouvelle éthique de la gouvernance qui impose à tous le respect du bien public. Elle sera poursuivie puisqu’elle a fait que nos communes et municipalités soient aujourd’hui mieux gérées qu’avant

En outre, la réforme du système partisan a permis d’avoir des exécutifs locaux plus homogènes. Il est donc prévu de promouvoir davantage les pratiques vertueuses, consolider la réforme de la gouvernance locale ceci, dans l’intention de la rendre efficace et d’accélérer bien évidemment le transfert des compétences.

 

Les mesures phares du programme du duo Patrice Talon-Mariam Talata: 

  • L’éducation

Nous proposons de :

  • Améliorer la formation générale au primaire et au secondaire à travers le renforcement de la formation des formateurs et la redynamisation des structures d’inspection
  • Donner corps à la mise en œuvre de la stratégie nationale de relance de l’Enseignement et de la Formation techniques et professionnels
  • Poursuivre la formation des formateurs qui a déjà démarré avec l’envoi en Europe d’une première cohorte d’enseignants. D’autres cohortes suivront jusqu’à atteindre un nombre suffisant d’enseignants compétents
  • Entreprendre la réforme de l’Enseignement supérieur
  • Concrétiser la mise en œuvre de Sèmè City sur son site dans la commune de Sèmè Podji,
  • Améliorer la qualité de l’Enseignement à travers le recrutement et la formation
  • Généraliser les cantines solaires à toutes les écoles primaires publiques du pays
  • Étendre la gratuité de l’école pour les filles au second cycle du secondaire
  • Encourager l’enseignement des matières scientifiques et techniques
  • Promouvoir davantage les matières scientifiques dans la formation générale

 

  • L’emploi des jeunes

Nous proposons les points suivants :

  • Poursuivre et intensifier dans tout le pays, les travaux à haute intensité de main d’œuvre
  • Relancer les programmes de recrutement ciblé dans la fonction publique
  • Soutenir et consolider les initiatives d’accès aux marchés des entreprises par notamment une meilleure orientation de la commande publique
  • Promouvoir les initiatives locales d’emploi dans les territoires
  • Renforcer les capacités des candidats à l’emploi, tant pour l’emploi salarié que l’auto-emploi
  • Améliorer l’offre de formation et d’enseignement dans le sens de leur adéquation avec les besoins du marché à travers la mise en œuvre des actions de la Stratégie nationale de l’enseignement et de la formation technique et professionnelle
  • Soutenir financièrement les entreprises qui éprouvent des difficultés à mobiliser de la main d’œuvre qualifiée et compétente, par la poursuite et la consolidation du Programme spécial d’insertion dans l’Emploi (PSIE)

 

  • La santé 

Nous proposons les points suivants :

  • Poursuivre et achever les travaux de construction de l’hôpital de référence d’Abomey-Calavi ;
  • Réhabiliter la plupart des Centres hospitaliers universitaires (CHU), Centres hospitaliers départementaux (CHD) et hôpitaux de zone avec amélioration du plateau technique
  • Construire des centres de santé
  • Améliorer les dotations financières pour le fonctionnement des structures
  • Mettre en place un nouveau modèle de gouvernance des centres de santé
  • Recruter massivement et former des médecins et autres agents de santé pour renforcer la qualité des soins
  • La qualification de tous les centres de santé
  • Faciliter l’accès aux soins de qualité pour tous
  • Rendre disponible les médicaments répondant aux normes et standards internationaux
  • Promouvoir les industries de fabrication de médicaments et consommables médicaux
  • Poursuivre la lutte contre les faux médicaments et les centres de santé illégaux
  • Construire un laboratoire de contrôle de qualité des médicaments

 

  • La décentralisation

Nous proposons les points suivants :  

  • Réformer la gouvernance locale à travers un réaménagement des rôles entre les élus et les personnels techniques d’appui
  • Poursuivre le renforcement des capacités opérationnelles des communes (ressources humaines, gestion des finances publiques, actions publiques etc.) pour une plus grande efficacité de leur action
  • La création d’un fonds d’investissement qui viendra remplacer le fonds FADEC et permettre aux communes de disposer de capacités d’accès à d’autres sources de financement
  • Construire 12 cités administratives départementales dont les études ont été déjà réalisées
  • Construire un centre de formation en administration locale à Allada dont les études sont également déjà réalisées
  • Promouvoir l’intercommunalité pour une meilleure prise en charge des problématiques communes (gestion des déchets, salubrité, assainissement, ressources en eau, éducation, etc.)
  • Renforcer le rôle des autorités communales dans la gestion des infrastructures publiques de leurs territoires
  • Intensifier les projets d‘assainissement des communes à travers l’extension à certaines d’entre elles, du projet Asphaltage

Quel regard le président Talon porte-il sur le contexte sécuritaire en Afrique et plus spécifiquement dans la région Afrique de l’Ouest ? Quelles sont les solutions préconisées par votre candidat ? 

Notre candidat je le répète et tout le monde le sait, n’est pas dans les incantations sécuritaires par rapport à ce phénomène de terrorisme régional  Islamiste qui menace nombre de nos pays en Afrique. En parcourant son programme, vous aurez constaté les mesures pratiques qu’il met et mettra en œuvre comme la construction d’une demi-douzaine de mini-casernes aux points stratégiques du territoire, aux frontières mais aussi et surtout il est conscient que le plus grand recruteur de terroristes, c’est la misère et la marginalisation d’une partie des jeunes.

 

Quelles est la position de Patrice Talon sur la naissance de la nouvelle monnaie Eco qui va remplacer le franc CFA dans les pays de la zone UEMOA ?

La position de Patrice Talon est la position du Bénin dans les instances économiques et politiques régionales. Pas de position particulière donc car le sujet est traité au niveau de la CEDEAO et de l’UEMOA. La position responsable du Bénin au sein de ces instances lui a permis de jouer un rôle de premier plan dans ce processus qui malgré les retards, finira par aboutir. Nous sommes convaincus contrairement à d’autres candidats que c’est la voie à suivre.

 

Quelle est la politique de promotion du président Talon pour une plus grande participation des femmes dans les instances de décisions  ?  

Patrice Talon est le seul candidat dont la colistière soit une femme. Il n’attendra pas les élections générales de 2026 pour rendre effective l’augmentation du nombre de femmes à l’Assemblée nationale, une obligation d’un minimum de 24 femmes proportionnellement au nombre de circonscriptions électorales. Dès 2023, le dispositif sera activé à travers le vote d’une loi conformément aux prescriptions du nouveau code électoral. Le prochain mandat réserve bien d’autres agréables surprises pour les femmes en vue leur visibilité.

 

Quelle analyse faites-vous de l’État de droit et de la démocratie sous Patrice Talon dans votre ouvrage ? 

Avant Patrice Talon, le premier Président élu de notre démocratie post-Conférence nationale, Monsieur Nicéphore Dieudonné Soglo trouvant que la classe politique considérait la chose comme une occasion de ripaille a déclaré dans une interview à Jeune Afrique quand il était encore au pouvoir, que « La Démocratie n’est pas un dîner de gala ».

Après lui, pendant son second mandat, le prédécesseur de Talon, le Président Boni Yayi a qualifié un jour, excédé par le jeu politique, la démocratie béninoise, de « démocratie Nescafe » qui « jamais, ne permettra le développement du pays ». En lieu et place des mots, Patrice Talon a proposé du concret, de l’action. Le Président Talon lui ne verse pas dans les diagnostics bruyants sans thérapies courageuses qui puissent permettre de changer les choses. C’est un président de la République pragmatique.

Il est vrai qu’il faut vraiment être courageux et ne pas tenir plus qu’il ne faut à son pouvoir, pour oser les réformes parfois très douloureuses qu’il a appliquées et qui aujourd’hui sont en train de guérir notre pays de ses nombreuses perversions. Ces travers viciaient la démocratie béninoise et nous enfonçaient dans la fange. C’était une démocratie à l’éclat factice.

Elle permettait à une partie de l’élite de briller et surtout faire briller ses intérêts. La communauté internationale de bonne ou de mauvaise foi mais avec paresse et facilité se contentait du superficiel. Depuis cinq ans, le Bénin essaie de créer un modèle de démocratie qui allie reddition de comptes, bonne gouvernance, avec les libertés les droits de l’Homme qui responsabilisent chacun…

 

La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication a publié la décision réglementant la campagne médiatique. Pour vous qui avez été vice-président de l’institution, comment peut-on garantir un accès équitable aux médias en période électorale dans un contexte où la liberté de la presse a sensiblement régressé au Bénin depuis cinq ans selon les classements successifs de Reporter sans Frontières ?

La presse béninoise depuis 1990 et ceci est vérifiable, a toujours réussi cette gageure en période électorale. Globalement, la presse publique lors des campagnes fait preuve d’une égalité de traitement des forces politiques en présence et la presse privé commerciale s’est toujours astreinte à une certaine équité de traitement.

Depuis peu, les pouvoirs publics appuient des médias privés commerciaux pendant cette période pour qu’ils acceptent d’ouvrir de façon égalitaire leurs antennes à toutes les sensibilités. C’était le cas pendant les communales et il en sera également ainsi pour la présidentielle.

Quant au fameux classement de Reporters sans frontières (RSF), vous savez bien que je peux m’autoriser à dire que je suis un vieux militant syndical de la liberté de presse depuis le collège, l’université et dans ma vie professionnelle mais bientôt, dans la logique parfois peu rigoureuse qui est la sienne, RSF finira par classer la Corée du Nord premier des pays qui respectent la liberté de presse. En effet, des pays sont déclassés juste parce qu’il y a de vifs débats entre les intérêts d’une presse qui revendique sa partisanerie politique et ceux d’autres politiques.

De mon temps, c’était Robert Ménard qui dirigeait RSF. Aujourd’hui, le maire d ’extrême droite de Béziers ne manque aucune occasion pour dire que « le vrai fossoyeur de la liberté de presse ce sont les journalistes ». Il finira par ajouter aussi que, RSF y contribue par des classements parfois abscons qui placent de grandes démocraties comme la France et les États Unis très mal.

 

Quel est l’engagement du président Talon pour un processus électoral apaisé ?

Tout est mis en œuvre pour la paix sociale et le scrutin sera apaisé puisque c’est la volonté de l’immense majorité des Béninois, que la mauvaise surprise des derrières législatives où l’opposition a voulu créer le chaos en sacrifiant la vie de quelques personnes dans l’espoir de prendre le pouvoir, ne se reproduise plus.

Mais aux jeunes abusés par quelques nostalgiques de la vieille politique cynique et qui affirment sur les réseaux sociaux, que c’est la première fois que des élections entraînent des morts, je réponds par la négative. En 1991 et 1995, il y avait des morts causés par ces politiciens. Mais en 2021 les Béninois et le président Talon comptent bien déjouer les pronostics funestes.


 

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