Plan sectoriel de l’éducation post 2015, comprendre la nouvelle architecture du système éducatif au Bénin du diagnostic aux enjeux de la réforme de l’éducation, ministère en charge de l’éducation, 2018

Plan sectoriel de l’éducation post 2015, comprendre la nouvelle architecture du système éducatif au Bénin du diagnostic aux enjeux de la réforme de l’éducation, ministère en charge de l’éducation, 2018

Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

Auteur : Professeur Abdel Rahamane BABA-MOUSSA ,Docteur Christian Raoul ADEKOU Raoul Juste B. C. ATOHOUN Manhamadou NONDICHAO Alassane ANDEMI MORA Lucile Christelle OUASSA Expédit Cosme BOKO-VOU Rodrigue O. FATOMBI Marie A. S. Giovanni AKOUEDENOUDJE

Organisation affiliée :  Ministère en charge de l’éducation

Type de publication : Rapport

Date de publication : 2018

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Dans son état actuel, le système éducatif béninois est élitiste, centré sur la forme scolaire avec de forts taux d’abandons à tous les niveaux. Les exigences des ODD, l’agenda pour l’éducation 2030 et le diagnostic réalisé en 2016 imposent le passage à une offre éducative diversifiée et inclusive ; d’où la nouvelle architecture du système éducatif adoptée au cours du deuxième forum sur le secteur de l’éducation en 2014 et qui sert de base à l’élaboration du Plan Sectoriel de l’Education (PSE) post 2015.

Ce plan est préparé dans un contexte où les projections démographiques prévoient d’ici à 2030, une augmentation de 42% de la population scolarisable (croissance moyenne 2,1% par an contre 3,2% entre 2002 et 2013).

En 2030, 30,1% de l’ensemble de la population scolarisable aura l’âge du primaire (6-11 ans) contre 35% en 2013. En revanche, la population post éducation de base augmentera de façon plus importante. Celle des 16-18 ans passera de 11,3% en 2015 à 13,0% en 2030 et celle des 19-23 ans passera de 16,7% à 21,7% pour la même période.

La pression démographique scolaire sera moindre au primaire mais la demande (quantitative et qualitative) restera forte surtout pour la population post éducation de base et universitaire. De même, la demande éducative sera également forte pour la population des jeunes hors du système scolaire notamment celle des plus de 15 ans qui est la cible traditionnelle de l’éducation non formelle.

En 2030, 30,1% de l’ensemble de la population scolarisable aura l’âge du primaire (6-11 ans) contre 35% en 2013. En revanche, la population post éducation de base augmentera de façon plus importante. Celle des 16-18 ans passera de 11,3% en 2015 à 13,0% en 2030 et celle des 19-23 ans passera de 16,7% à 21,7% pour la même période

Au plan économique, malgré une baisse globale du PIB sur les dix dernières années, l’effort national de financement de l’éducation INTRODUCTION 5 a été maintenu (en moyenne 30% du PIB contre 25 % en moyenne pour l’ensemble des pays de la CEDEAO). Au regard des ambitions annoncées dans le Programme d’Action du Gouvernement (PAG) 2016-2021, l’Etat semble avoir fait l’option de maintenir ce choix politique favorable au développement de l’éducation.

Comment le PSE post 2015 du Bénin prend t-il en compte cette noble ambition ? C’est à cette question que le présent fascicule tente de répondre en partant d’un diagnostic du système éducatif actuel pour expliquer les fondements de la nouvelle architecture du système éducatif et les enjeux des réformes à venir.

L’architecture actuelle du système éducatif est pyramidale et centrée sur la «forme scolaire» Le système éducatif béninois est construit entièrement autour de la « forme scolaire » d’éducation de la maternelle à l’université, en passant par le primaire, l’enseignement secondaire général, l’enseignement et la formation techniques et professionnels (cf. Figure n°1).

Le système éducatif actuel est élitiste et produit de l’exclusion et des inégalités .De 2011 à 2015, les taux de scolarisation sont en hausse constante et les effectifs connaissent des progrès rapides : 39% pour la maternelle, 41% pour le secondaire général et 30% pour le supérieur au cours de cette période

Depuis 2016, le secteur est composé de trois ministères : Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP), Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP) qui inclut l’Alphabétisation et l’Education des Adultes (AEA) et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS).

Si, depuis le premier forum sur le secteur de l’éducation en 2007, l’AEA est intégrée au secteur de l’éducation et que des passerelles sont établies entre l’apprentissage artisanal et l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) (cf. apprentissage de type dual), l’éducation non formelle est encore très peu prise en compte dans les politiques éducatives. Les autres formes et lieux d’apprentissage ainsi que les savoirs qu’ils véhiculent (dont les savoirs endogènes) sont quasiment occultés. Le diagnostic actuel oblige à un changement d’approche.

Le système éducatif actuel est élitiste et produit de l’exclusion et des inégalités .De 2011 à 2015, les taux de scolarisation sont en hausse constante et les effectifs connaissent des progrès rapides : 39% pour la maternelle, 41% pour le secondaire général et 30% pour le supérieur au cours de cette période.

De même, l’effectif de l’éducation alternative est passé de 582 en 2012 à 4 490 en 2015. En revanche, l’effectif de l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) baisse de 8 à 6 % alors que ce sous secteur constitue la 2ème priorité de l’Etat après le primaire et qu’il concerne la tranche d’âge des plus de 16 ans dont les projections démographiques révèlent qu’elleconnaîtra un accroissement important d’ici à 2030 (cf. chiffres cités précédemment) Cet accroissement global des effectifs contraste avec une forte déperdition comme le montre, l’évolution du profil de scolarisation transversal de 2006 à 2015 (cf. graphique 1).

Le système éducatif actuel n’assure pas la qualité ni l’efficacité interne et externe .Les acquis des apprenants sont très faibles (près de 50% des élèves de CM2 n’ont pas les acquis attendus (selon la dernière évaluation du PASEC, 2014). La qualité de la formation des enseignants (du primaire et du secondaire) est aussi très faible et ces derniers sont mal répartis au regard des besoins identifiés (déséquilibres entre régions, entre établissements)

Comme on peut le voir sur le graphique 1, les Taux Brut d’Accès (TBA) au primaire sont élevés (141% en 2015) mais seulement 74% des inscrits arrive en 3ème et moins de 20% d’entre eux arrivent en terminal. Par ailleurs, selon le diagnostic sectoriel de 2016, 27% des 9-17 ans sont hors de l’école dont 20% n’a jamais été scolarisé et des disparités existent selon le genre (39% de filles en 3ème contre 51% de garçons), le niveau de richesse (68% d’accès au primaire et 39% d’achèvement pour les plus pauvres contre 94% et 79% pour les plus aisés) et le milieu (Alibori et zones lacustres ont les plus bas taux).

L’accès équitable à l’éducation reste donc à réaliser et l’éducation  non formelle apparaît comme une alternative pertinente d’où la nécessité, d’une part, de passer du schéma pyramidal sélectif, à une architecture plus inclusive et, d’autre part, d’envisager des mesures d’équité et de justice sociale pour certaines zones et certaines catégories sociales.

La qualité de la formation des enseignants (du primaire et du secondaire) est aussi très faible et ces derniers sont mal répartis au regard des besoins identifiés (déséquilibres entre régions, entre établissements).

Le système éducatif actuel n’assure pas la qualité ni l’efficacité interne et externe .Les acquis des apprenants sont très faibles (près de 50% des élèves de CM2 n’ont pas les acquis attendus (selon la dernière évaluation du PASEC, 2014). La qualité de la formation des enseignants (du primaire et du secondaire) est aussi très faible et ces derniers sont mal répartis au regard des besoins identifiés (déséquilibres entre régions, entre établissements).

Le Système éducatif est plutôt bien financé mais sa gestion est inefficiente De 2010 à 2015, conformément aux prévisions du Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education (PDDSE) 2006-2015, les dépenses totales de l’éducation ont augmenté et l’éducation absorbe 26,4% des ressources publiques de l’Etat (Diagnostic sectoriel de l’éducation réalisé en 2016).

Cependant, les dépenses salariales représentent 68% des dépenses totales (59 % pour les enseignants et 9% pour le personnel d’appui) et les dépenses de fonctionnement représentent 23% (12% au préscolaire à 28% au supérieur). A cela s’ajoutent : la mauvaise répartition des ressources par sous-secteur (la formation professionnelle, bien qu’étant la deuxième priorité de l’Etat, a moins de 4% alors que l’AEA a moins de 01% du budget de l’éducation sur la période) et entre les niveaux central et déconcentré. De même, on observe de nombreux problèmes de décaissement et de passation des marchés qui réduisent considérablement l’efficience du système éducatif.

Une gouvernance marquée par de nombreux dysfonctionnements

A l’issue du deuxième forum sur le secteur de l’éducation, quarante (40) recommandations sur les soixante-dix (70) formulées, concernent la gouvernance. Le principal problème est d’abord le manque de coordination entre les ministères qui composent le secteur et la fragilité du dispositif institutionnel de coordination et de pilotage : dysfonctionnement aux niveaux des comités de pilotage (CPSE) et de coordination du secteur de l’éducation (CCSE) ainsi que du Secrétariat Technique Permanent du Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education (STP-PDDSE).

La nouvelle architecture offre une éducation de base holistique et inclusive pour la prise en compte de tous, chacun selon ses besoins et ses aspirations Selon l’UNESCO, l’éducation de base (EB), c’est ce minimum d’éducation générale qui permet d’aider les enfants et les adultes privés d’instruction scolaire à comprendre les problèmes de leur milieu ainsi que leurs droits et devoirs essentiels afin de mieux participer au progrès économique et social de leur communauté

Des insuffisances sont par ailleurs à noter dans l’application des lois de décentralisation (forte centralisation des décisions), dans la gestion des ressources humaines et dans le Système d’Information pour la Gestion de l’Education (SIGE) qui peine à se mettre en place. Si depuis 2016, les problèmes de coordination et de pilotage se sont considérablement améliorés au niveau central (meilleure synergie entre les trois ministères en charge de l’éducation), des efforts conséquents sont encore à faire en ce qui concerne la décentralisation pour assurer une mise en œuvre efficiente des réformes nécessaires à l’opérationnalisation de la nouvelle architecture holistique du système éducatif.

La création d’un nouveau Conseil National de l’Education (CNE – nouvelle formule) d’une part, et l’actualisation des textes de décentralisation en accord avec le principe de subsidiarité constituant les principales pistes à explorer d’autre part.

La nouvelle architecture offre une éducation de base holistique et inclusive pour la prise en compte de tous, chacun selon ses besoins et ses aspirations Selon l’UNESCO, l’éducation de base (EB), c’est ce minimum d’éducation générale qui permet d’aider les enfants et les adultes privés d’instruction scolaire à comprendre les problèmes de leur milieu ainsi que leurs droits et devoirs essentiels afin de mieux participer au progrès économique et social de leur communauté.