Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Auteurs : Médessè Marc Omer Michel SAVI, Jacob Afouda YABI et Epiphane SODJINOU
Site de publication : AJOL
Type de publication : Article
Date de publication : 31 octobre 2022
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INTRODUCTION
Au Bénin, le secteur agricole, à l’instar de tous les pays subsahariens, souffre des stimuli climatiques, à cause des variabilités climatiques. Ces variabilités climatiques se caractérisent par des déficits de précipitations dont les conséquences restent néfastes pour l’agriculture. D’autres manifestations de ces variabilités climatiques sont la sécheresse, les inondations, les pluies tardives et violentes, les vents violents et la chaleur excessive. Cette vulnérabilité est autant plus marquée au Nord du Bénin où l’augmentation des températures maximales et minimales est notée. Les rendements de l’agriculture pluviale pourraient diminuer de moitié avec une augmentation moyenne de la température à l’horizon 2020-2050.
Caractéristiques sociodémographiques
Les résultats montrent dans le Tableau 2 que producteurs enquêtés dans l’ensemble des deux zones sont âgés de 42 ans environ et ont 16 ans d’expériences dans la culture de maïs. Néanmoins, les producteurs de la ZAE3 sont significativement plus âgés et plus expérimentés dans la culture de maïs que ceux de la ZAE2. Aussi, le nombre d’actifs agricoles des ménages enquêtés est en moyenne de 4 par ménage et la superficie emblavée en moyenne par ménage est de 15 ha environ. Le revenu issu du secteur agricole représente environ 90% du revenu des producteurs de la ZAE2 et 73% du revenu des producteurs de la ZAE3.
Perception sur les variabilités du climat
La tendance générale révèle que les producteurs perçoivent principalement une répartition sporadique des pluies, de grandes poches de sécheresse et une diminution de la quantité d’eau des pluies. Néanmoins, plus de 35% des producteurs de la ZAE2 ont aussi perçu une variabilité de la précipitation. Ces changements de précipitation se manifestent dans cette zone par de grandes poches de sécheresse, de variabilité de la durée des saisons, des pluies tardives.
En dehors des changements de précipitation et de température observés, les producteurs de la zone agro écologique 3 (plus de 78%) ont tendance à plus percevoir d’autres modifications. Il s’agit de la disparition d’arbres et d’animaux, de la vitesse de vent qui est de plus en plus forte et le harmattan qui sévit davantage.
Tendances climatiques
Une augmentation tendancielle du nombre de jours de pluie s’observe au niveau de la station de Kandi pendant que les données de la station de Parakou révèlent une baisse tendancielle du nombre de jours de pluie. Sur les 10 dernières années de pluie recueillie au niveau des stations météorologiques, il a eu en moyenne plus de jours de pluie dans la zone de Kandi et alentours que dans la zone de Parakou.
L’an 2011 a été l’année où les zones de Kandi ont enregistré le plus de nombre de jours de pluie et l’année 2012 a été celle où ces zones ont connu le moins de jours de pluie sur les 10 dernières années. Par contre, les zones de Parakou et alentours ont enregistré le plus grand nombre jours de pluie en 2012 et ont connu le plus faible nombre de de jours de pluie en 2015.
DISCUSSION
Sur les dix dernières années, les températures moyennes diminuent et tendent vers la normale au niveau de la station de Kandi. Les producteurs des ZAE2 trouvent quant à eux que la température est demeurée presque la même et qu’il n’y a pas eu une variation des températures. Les variations de température observées n’étaient pas suffisamment intenses pour attirer l’attention des producteurs. Les études de Guibert et al avaient déjà montré que sur la station de Kandi ZAE2, qu’il avait une faible variation des températures de 1990 à 2008.
Cette tendance a donc été maintenue jusqu’à 2016. Par contre au niveau de la station de Parakou, les températures qui étaient en dessous de la normale ont progressivement augmenté et ont même dépassé la normale. Les zones de Parakou et alentours ZAE3 sont passées d’années froides à années chaudes. La tendance est à la hausse. Cette variation était suffisamment importante pour que les producteurs dans leur grande majorité perçoivent qu’il y a eu une augmentation importante de la température.
Les différentes perceptions des producteurs et les données climatiques révèlent que l’évolution de l’environnement est une préoccupation majeure pour les producteurs de maïs, notamment celles des régions ZAE2 et ZAE3. Les cultures céréalières dont notamment le maïs sont sujettes à des pertes substantielles des récoltes avec pour corollaire la baisse de la productivité, le découragement des producteurs, l’augmentation des attaques des ravageurs et la menace d’autosuffisance alimentaire des populations qui vivent dans le cercle vicieux de la pauvreté.
Dans un contexte où les producteurs pratiquent l’agriculture comme activité principale et que le maïs seul contribue à plus de 36% au revenu agricole du ménage, un choc dans la production aura des conséquences dévastatrices aussi bien sur les producteurs, leurs ménages et sur l’économie locale et nationale. Sachant que la perception des producteurs renseigne sur l’application de leurs connaissances à une situation particulière, leurs perceptions de la capacité de leur climat et l’environnement socio-économique à supporter leurs activités influencent les pratiques des agriculteurs.