Neutralité de la dégradation des terres, ministère du Cadre de vie et du développement durable du Bénin, 2017

Neutralité de la dégradation des terres, ministère du Cadre de vie et du développement durable du Bénin, 2017

Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

Auteur : Ministère du Cadre de vie et du Développement durable

Date de publication : 2017

Type de publication : Rapport

Lien vers le document original

 

Le Bénin, à l’instar des autres Pays les Moins Avancés (PMA), est particulièrement vulnérable et exposé aux impacts de la dégradation de l’environnement y compris la dégradation des terres et le changement climatique. Il subit de plein fouet les conséquences de la dégradation des terres qui se traduit par une régression rapide du couvert végétal et une baisse significative des rendements agricoles. La perte de la biodiversité, du fait de la dégradation des écosystèmes est aussi notoire.

Le Bénin regorge d’une réserve biologique très diversifiée faite d’une mosaïque de zones agricoles, de savanes (boisées arborées et arbustives) et de quelques forêts tropicales sèches, aujourd’hui fortement menacées. Les estimations indiquent que le Bénin est l’un des pays ayant les plus forts taux de déforestation au monde. Selon la FAO, le Bénin n’a plus de forêts primaires naturelles non dégradées. La faune béninoise comprend 188 espèces de mammifères, parmi lesquelles on dénombre 10 espèces des primates mondialement menacées.

Ailleurs, on assiste au comblement des cours d’eau et au rétrécissement des zones humides, conduisant à des phénomènes d’inondations de plus en plus récurrents et intenses, alors que l’érosion côtière, due à l’avancée de la mer et l’incursion saline dans les plans d’eau et les terres agricoles, constitue une lourde perte pour l’économie. La désertification dans la partie nord constitue une autre menace importante aux moyens d’existence des populations et au maintien de la grande diversité biologique des réserves d’un écosystème déjà fragile face à une forte pression anthropique des populations en manque d’alternatives.

La faune béninoise comprend 188 espèces de mammifères, parmi lesquelles on dénombre 10 espèces des primates mondialement menacées

Le Bénin a clairement exprimé son engagement aux efforts de protection de l’environnement à travers la ratification de plusieurs accords et engagements internationaux et régionaux sur la protection de l’environnement et des ressources naturelles. Bien que situé dans le couloir sec Dahoméen, le Bénin dispose des écosystèmes d’importance internationale servant de refuge pour la biodiversité faunique et floristique ouest africaine.

Il s’agit notamment de la Réserve de Biosphère Transfrontalières du parcW qu’il partage avec le Burkina Faso et le Niger, de la Reserve de Biosphère de la Pendjari et la Réserve de Biosphère Transfrontalière du Delta du Mono partagé avec le Togo. Le Bénin a ratifié diverses Conventions internationales relatives à la conservation de la biodiversité ou des ressources naturelles.

Il s’agit notamment de la Convention de Ramsar sur les zones humides, la Convention de Washington ou CITES relative au commerce international d’espèces de faune et de flore menacées d’extinction, la Convention de Bonn sur les espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, la Convention sur la Diversité Biologique, la Convention Cadre des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (UNESCO), etc.

Le Gouvernement du Bénin a aussi adhéré aux ambitions exprimées à travers l’initiative sur la restauration des paysages forestiers en Afrique en appui à la mise en œuvre du “Défi de Bonn”. Il fait partie des 153 parties ayant ratifié à la date d’aujourd’hui l’Accord de Paris sur le changement climatique. Le Bénin a ratifié, le 24 octobre 2016, l’Accord de Paris sur le changement climatique et a élaboré son document de Contribution Déterminée au niveau National (CDN). Il s’est doté d’une Stratégie de Développement à faible Intensité de Carbone et Résilient au Changement Climatique.

Au niveau africain et régional, le Bénin a également ratifié plusieurs conventions et accords sur la préservation de la nature. Entre autres, on peut citer :

  • la Convention d’Alger de 1968 portant Charte Africaine de la Nature ;
  • la Convention africaine relative à la conservation de la nature et des ressources naturelles, adoptée à Alger en 1968 et révisée à Maputo en 2003 ;
  • la Convention d’Abidjan relative à la coopération en matière de protection et de mise en valeur du milieu marin et des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ;
  • le Document-cadre d’orientations générales de la politique d’aménagement du territoire communautaire de l’UEMOA/CEDEAO adopté en 2003 ; et
  • l’Acte additionnel N°1/2008/CCEG/UEMOA portant adoption de la politique commune d’amélioration de l’environnement.

En 10 ans, les superficies des forêts et des savanes au Bénin ont régressé respectivement de 21% et de 15%

Le Bénin a établi, sur la base des données nationales du Centre National de Télédétection (CENATEL) sur l’occupation des sols et les données internationales fournies par le Secrétariat de la CNULCD, et suivant la démarche recommandée par l’Interface Science Politique (ISP) de la CNULCD, une situation de référence présentant les tendances et l’état de dégradation des terres sur la période 2000-2010. Suivant cette démarche, les tendances et l’état de dégradation des terres sont évalués sur la base de trois indicateurs principaux à savoir la couverture végétale, la productivité des terres et le carbone organique du sol.

L’évaluation de l’état de dégradation des terres présente une situation très préoccupante au niveau national. En effet, il est estimé qu’environ 2,2 millions d’hectares de terres, soit 19% du territoire national, se sont dégradés entre 2000 et 2010.Cela correspond à un taux de dégradation de 220 000 hectares par an, résultant d’une :

  • dynamique négative de changement d’occupation des terres qui se traduit par la conversion massive des forêts, des savanes naturelles et des zones humides en terres de culture et en zones urbaines. En 10 ans, les superficies des forêts et des savanes au Bénin ont régressé respectivement de 21% et de 15%, correspondant à une perte totale d’environ 1,5 million ha des superficies de ces deux formations végétales, notamment au profit des terres agricoles et des habitations.
  • baisse de productivité primaire sur environ 2,2 millions ha de terres, soit 8% du territoire national, dont 252 000 ha de forêts, 289 000 ha de savanes et 337 000 ha de terres agricoles.