Situé au croisement des 6°20 de parallèle Nord et de 2°20 méridien Est, le département du littoral est limité par le lac Nokoué au nord, l’océan Atlantique au sud, la commune de Sèmè-Kpodji (du département de l’Ouémé) à l’Est et la commune d’Abomey-Calavi (du département de l’Atlantique) à l’ouest. C’est le seul département du pays qui compte une seule commune à savoir Cotonou. Originellement, Cotonou signifie en langue nationale fon « Kou tɔ nu» c’est-à-dire « l’embouchure du cours d’eau de la mort ».
Aspects historiques
Au début du XIX siècle, ce département n’était habité que par quelques pêcheurs. C’était une zone majoritairement marécageuse sous le contrôle du royaume d’Abomey. De par sa situation stratégique, située entre le port d’esclavage à Ouidah et le royaume concurrent de Porto novo, les rois d’Abomey notamment Glèlè (1858 – 1889), pouvaient facilement y poster des représentants pour administrer leur commerce avec les Européens.
Après l’abolition de l’esclavage, Ouidah était surveillé, alors Cotonou avait servi comme port d’embarquement officieux des esclaves au milieu du XIXe siècle. A l’issue d’un traité signé le 19 mai 1868 par Glèlè, la ville est louée aux français à 20 000 francs par an. Son utilisation comme pôle de ravitaillement favorise son essor et l’installation de nombreux Français. Ceux-ci créent les premières voies et creusent en 1885, un canal coupant la ville en deux, en vue de faciliter l’accès depuis la mer à la lagune de Porto-Novo par le biais du Lac Nokoué. Une fois sur le trône, après la mort de son père, Béhanzin remet vivement en cause l’accord passé avec les Français. La France déclare la guerre au roi d’Abomey et Cotonou devient ainsi « La pomme de discorde ».
Entre 1891 et 1893, la France fait construire un wharf (passerelle métallique) qui part de la côte et s’arrête au-delà de la zone de vagues. Ce sera le point de départ de la construction de bâtiments modernes et du chemin de fer à Cotonou. Après avoir gagné la guerre contre Béhanzin, la colonie du Dahomey sera ainsi créée en 1894 et placée sous l’autorité du gouverneur Victor Ballot.
Dans cette ville, le légendaire hôtel PLM Alédjo, qui a accueilli la conférence des forces vives de la nation en 1990, et qui a permis au Bénin de tourner la page du Marxisme Lénisme et d’entrer dans l’histoire comme pionnier de la démocratie en Afrique francophone tient encore debout.[1]
Situation géographique
Avec une superficie de 79 km² (0,07% du territoire national), le département du Littoral est le plus petit des douze départements que compte aujourd’hui le Bénin. Constitué de sables alluviaux d’environ cinq mètres de hauteur maximale, le relief du cordon a deux caractéristiques principales :
– dépressions longitudinales parallèles à la côte ;
– bas-fonds érodés par l’écoulement des eaux pluviales qui communiquent avec le lac Nokoué.
Le site est coupé en deux par le chenal appelé “lagune de Cotonou”, communication directe entre le lac et la mer, creusé par les Français en 1894. La liaison entre les deux parties de la ville est assurée aujourd’hui par trois ponts. La nappe phréatique se trouve à proximité de la surface du sol dont la perméabilité élevée accélère l’infiltration des eaux pluviales et usées (risques de pollution). Le climat est de type équatorial avec une alternance de deux saisons pluvieuses et de deux saisons sèches:
– une grande saison des pluies de mi- mars à mi- juillet ;
– une petite saison sèche de mi- juillet à mi- septembre ;
– une petite saison des pluies de mi- septembre à mi- novembre ; – une grande saison sèche de mi- novembre à mi- mars.
Les précipitations ont lieu principalement entre mars et juillet avec un pic en juin, (300 à 500 mm). Les températures moyennes mensuelles varient entre 27 et 31 degrés centigrades. Les écarts entre le mois le plus chaud et le mois le moins chaud ne dépassent pas 3,2 degrés à Cotonou, alors que cette variation se situe à 3,8 degrés dans le nord du pays. Les mois de février à avril sont les plus chauds et ceux de juillet à septembre sont les plus frais.
La commune de Cotonou ne dispose pas de cours d’eau, mais le lac Nokoué (85 km²) et quelques bas-fonds constituent les réservoirs à eau de la commune. Pendant la crue due à la descente des eaux de septentrion et surtout la grande saison des pluies, la ville est menacée par de graves inondations (niveau bas, fortement influencé par les variations du niveau des plans d’eau ; niveau maximal des crues : 1,50 mètres). Les épis du port ont contribué à l’érosion de toute la côte Est de la ville. Mais avec les changements climatiques observés ces dernières années, ces saisons semblent ne plus être vraiment tranchées.
En ce qui concerne les sols, le département du Littoral s’étend sur des sols sableux, acides dans leur majeure partie. Le couvert végétal est difficile à recenser en raison de l’occupation très dense de l’espace urbain ayant fait disparaître les essences caractéristiques des sols sabloargileux et hydromorphes remplacées par des essences anthropiques. Cependant, on peut distinguer un certain nombre de formations végétales bien tranchées :
– en bordure de la côte, les sables du cordon littoral sont couverts de plantations de cocotiers ;
– une zone à végétation rare et clairsemée formée essentiellement d’halophytes sur le cordon littoral. [2]
Situation démographique
On dénombre dans le département du littoral aujourd’hui, 679 012 habitants contre 665 100 habitants en 2002. La pression démographique est le fruit de fortes activités migratoires en sa direction dont l’exode rural par exemple. Selon les résultats des deux premiers recensements de 1979 et 1992, la population de ce département était respectivement de 320 332 habitants et de 536 827 habitants. Ce département apparait comme un lieu de travail se vidant de sa population tous les soirs en direction des communes mitoyennes que sont Abomey-Calavi et Sèmè-Kpodji.
Toutes les cultures du Bénin se croisent sur ce territoire. Les ethnies Fon, Adja et yoruba constituent les trois ethnies d’importance démographique appréciable. Les populations du Littoral sont essentiellement catholiques (51,2%), et musulmanes (16,9%). En dépit de son caractère urbain, le département du Littoral compte 413 ménages agricoles sur les 651 067 au niveau national soit 0,06). Si la ville a été rognée pendant des décennies sur la côte Ouest, le programme national de lutte contre l’érosion côtière a permis de réaliser plusieurs ouvrages qui montrent déjà leur efficacité.
Activités économiques
Les activités exercées dans le Littoral sont surtout du secteur tertiaire (commerce et services) appuyé par quelques industries manufacturières. La pêche y est aussi pratiquée par des nationaux ainsi que par des étrangers dans les lacs et lagunes. Elle se pratique sous plusieurs formes : pêche continentale (sur le lac Nokoué et les étangs piscicoles), pêche maritime artisanale (par des populations autochtones disposant de peu de moyens) et pêche maritime industrielle. Le Littoral est le département qui dispose le plus d’infrastructures relatives aux activités industrielles.
Capitale économique, Cotonou abrite les deux tiers des industries du pays et est le siège des principales entreprises et banques du Bénin. Le territoire est aussi bénéficiaire des activités du secteur portuaire (Port Autonome de Cotonou) dont le plus important est celui des véhicules d’occasion. Une bonne partie de la population exerce dans le secteur de l’artisanat : couture, coiffure, menuisier, etc. Il abrite des marchés d’importance locale, nationale et un marché international. Le marché international de Dantokpa, où se brassent des centaines de millions de francs Cfa, établi sur 20 hectares est le plus grand marché d’Afrique de l’Ouest.
Depuis les années 2000, la couleur jaune est arrivée à se faire une place dans le panorama de la ville grâce aux Zémidjans (motos-taxis) qui se vêtissent d’une chemise frappée d’un numéro d’identification enregistrée au service de la mairie ou parfois d’effigies ou de tags publicitaires. Ce sont eux qui transportent l’histoire de Cotonou d’une oreille à l’autre. Ils constituent un excellent moyen de mobilité et de communication, qui s’adapte aux besoins des Cotonois et aux réalités logistiques de la ville, permettent de se transporter assez vite et d’aller dans les endroits difficiles d’accès. Parti ainsi de là, le métier de Zémidjan s’est répandu dans plusieurs villes d’Afrique de l’ouest. Les activités commerciales sont orientées aussi bien vers la consommation intérieure que vers l’importation et l’exportation.
Organisation administrative
La commune de Cotonou est la première ville à statut particulier du Bénin. Elle est composée de 13 arrondissements et de 165 quartiers de ville. Cette mégalopole abrite la tête du pouvoir politique, la Présidence de la République appelée aussi Palais de la Marina, presque en bordure de mer, logée dans l’un des plus vieux quartiers de la ville entre la représentation diplomatique française et le palais de la justice.
Source
Cahier des villages et quartiers de ville Littoral.pdf (insae.bj)
MEMP, Annuaires statistiques, 2012 x MS
Annuaires statistiques, 2013
INSAE, RGPH2, (Février 1992), Fichiers villages, Novembre 1994
1.Benin_EDSBV_Rapport_final.pdf
[2] Cahier des villages et quartiers de ville Littoral.pdf (insae.bj)