Le don de gamètes dans la prise en charge de l’infertilité du couple: connaissances, attitudes et perception des étudiants en médecine de la Faculté des Sciences de la Santé de Cotonou-Bénin, PanAfrican Medical Journal, Février 2022

Le don de gamètes dans la prise en charge de l’infertilité du couple: connaissances, attitudes et perception des étudiants en médecine de la Faculté des Sciences de la Santé de Cotonou-Bénin, PanAfrican Medical Journal, Février 2022

Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

 

Auteurs : Simon Azonbakin, Ulrich Gahou, Flore Gangbo, Patrice Dangbemey et Diane Adovoekpe

Organisation affiliée : PanAfrican Medical Journal

Type de publication : Article

Date de publication : Février 2022

Lien vers le document original

 

Aspects socio-épidémiologiques

Deux-cent trente-six étudiants ont participé à l’enquête dont 54% de sexe masculin et 46% de sexe féminin soit un sexe ratio de 1,2. La couche d’âge la plus représentée est celle des étudiants ayant entre 18 et 24 ans avec un âge moyen de 23 ans. Les étudiants de la 6e année étaient les plus nombreux. En ce qui concerne la religion, les chrétiens étaient les plus importants (87%).

Connaissances des répondants

L’aspect législatif sur le don de gamètes: pour 88,41% des participants, il n’existe pas au Bénin une législation sur l´AMP et le don de gamètes. En croisant les données relatives à l’année d’étude et l’existence au Bénin d’une législation, les participants de la sixième année pensent en grande partie que cette législation existe. Différentes causes d’infertilité nécessitant le recours au don de gamètes: pour ce qui est des pathologies nécessitant le recours au don de gamètes, la majorité des patients n’avaient pas pu citer les causes de l’infertilité nécessitant le recours au don de gamètes.

Attitudes et perception des répondants

Dans notre étude, 31,5% des participants acceptent de faire le don de gamètes. Les raisons de refus sont: éthique, religieux, sociologique et    autres. Pour 49,8% des participants les enfants issus du don de spermatozoïdes et d’ovocytes sont des enfants légitimes. Aussi, a t-on remarqué qu’il existe un lien entre le sexe et l’acception de don de gamètes; les hommes ayant plus tendance à donner leur gamete La proportion des participants qui acceptent de faire le don de gamètes varie d’une année d’étude à une autre: on observe une diminution de refus au don de gamètes d’environ 4% entre la quatrième année et la septième année d’étude.

Afin d’assurer la promotion et la diffusion du don de gamètes dans le cadre de l´AMP, 70,8% des étudiants estiment qu’il faudrait mettre en place des associations de couples infertiles afin d’ouvrir le débat au grand public via les médias.   

Discussion

Au Bénin, le code de l’enfant prévoit les conditions pour le don de gamètes, les critères médicaux du donneur ainsi que les clauses de l´AMP. En Afrique noire francophone, le Bénin serait probablement le seul pays a disposé d’une telle législation. Cette loi n’est pas connue de la majorité des enquetés. Cette méconnaissance de la législation tout comme beaucoup d’autres textes de loi se pose dans le pays. Dans d’autres pays, la loi n’est pas explicite en ce qui concerne l´AMP avec don de gamètes. Selon Pierre Léon André DIENG de l´Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, « dans les pays en développement, notamment africains, asiatiques, sud-américains et arabes, la pratique de don de gamètes est vécue avec plus de pudeur, de réserve et de circonspection.

Afin d’assurer la promotion et la diffusion du don de gamètes dans le cadre de l’AMP, 70,8% des étudiants estiment qu’il faudrait mettre en place des associations de couples infertiles afin d’ouvrir le débat au grand public via les médias

La question de l’anonymat du don de gamètes s’est posée: la majorité des enquêtes avait opté pour l’anonymat du don. Enfin, en faveur de l’anonymat, il y a la donneuse réelle: deux tiers des parents préfèrent n’en avoir aucune connaissance. Ce sont seulement les informations médicales du donneur qui les intéressent.

Parmi les étudiants acceptant de donner les gamètes, il y a une partie importante qui a connaissance d’un patient infertile. Pour encourager le don de gamètes au Bénin, 70,8% des répondants pensent qu’il faut informer d’avantage le public sur le nombre de patients en attente d´AMP, et apporter des témoignages. Un couple motivé pour donner ses gamètes est un couple qui a été sensibilisé, de près ou de loin à la détresse de l’infertilité; cela peut être une histoire personnelle, l’histoire d’un proche ou de la famille. En pratique on note plusieurs modes de recrutement pour initier une démarche chez les donneurs (ses) de gamètes, qui agissent par altruisme, par solidarité, vis-à-vis des couples infertiles et pour des raisons pécuniaires.

La question de l’anonymat du don de gamètes s’est posée: la majorité des enquêtes avait opté pour l’anonymat du don. Enfin, en faveur de l’anonymat, il y a la donneuse réelle: deux tiers des parents préfèrent n’en avoir aucune connaissance. Ce sont seulement les informations médicales du donneur qui les intéressent

Une autre stratégie pour augmenter le nombre de donneur de gamètes est de rémunérer les donneurs. Mais la notion d’indemnisation crée de grandes divergences. Cette pratique soulève une question éthique. Le corps humain ou tout produit du corps humain est hors-commerce, on ne peut le vendre ou l’acheter. La gratuité du don laisse à chaque personne sa pleine liberté de décision, sans pression ni contrainte.

Même si l´AMP avec don de gamètes est connue, elle pourrait ne pas être la seule possibilité devant une infertilité des couples. Ainsi différentes alternatives comme l’adoption pleine, ou l’adoption traditionnelle (vidomégon), s’offrent aux couples infertiles qui ne veulent pas ou qui ne peuvent pas bénéficier de l´AMP par le don de gamètes. La principale limite de notre étude résulte du choix de la population d’étude. Une étude menée en population générale générale aurait certainement permis de mieux cerner cette problématique dans la population béninoise.