La Sante des Populations des Espaces Frontaliers au Sud-Est du Benin: Quels Défis Sanitaires dans un Espace Cosmopolite? Academia, Février 2019

La Sante des Populations des Espaces Frontaliers au Sud-Est du Benin: Quels Défis Sanitaires dans un Espace Cosmopolite?  Academia, Février 2019

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Auteurs : Bio Bigou Bani Léon, Oladjide Azaria, Djinadou O. A. Rachade

Organisation Affiliée : European Scientific Journal ESJ

Type de publication : Article

Date de publication : Février 2019

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Introduction 

La mondialisation croissante des échanges engendre une augmentation des flux internationaux de populations humaines, animales et de marchandises qui peuvent favoriser la propagation des maladies et d’autres événements de santé qu’ils soient d’origine biologique, chimique, radiologique ou nucléaire.

Les structures de santé, quand elles existent, manquent de moyens humains et matériels. Faute de ces moyens, les centres de santé communiquent moins bien que leurs patients. Une épidémie tourne vite à la catastrophe sanitaire faute de moyens de communication entre les centres de santé ».

La coopération entre les systèmes de santé des pays en particulier dans le domaine de la surveillance intégrée des maladies et la riposte, n’est pas encore à la hauteur de cette importante interconnexion transfrontalière des populations. La dynamique de la population issue de la fonction des espaces frontaliers augmente la vulnérabilité des individus sur le plan sanitaire.

Caractéristiques sociodémographique et ethnographique de la population

Les espaces frontaliers au sud-est du Bénin sont constitués par l’ensemble des localités des communes de Sèmè-Podji et d’Adjarra partageant la frontière avec le Nigéria.

En trois décennies, la population de ces espaces s’est accrue de 77 %. Même si cette croissance démographique n’est pas phénomène récent, elle est davantage marquée ces quinze dernières années. L’augmentation rapide de la population, surtout entre 2002 et 2013 témoigne non seulement d’un fort accroissement naturel, mais aussi et surtout de la forte attraction qu’exerce la zone sur les migrants de Nigéria, du Togo, du Niger, etc.

La mondialisation croissante des échanges engendre une augmentation des flux internationaux de populations humaines, animales et de marchandises qui peuvent favoriser la propagation des maladies et d’autres événements de santé qu’ils soient d’origine biologique, chimique, radiologique ou nucléaire

La fécondité est assurément le facteur qui concourt le plus à l’agrandissement des familles. Cependant, les mouvements migratoires avec leurs flux ont joué un grand rôle dans l’accroissance démographique des espaces au sud-est du Bénin. En effet, toutes les formes de migrations individuelles, (migrations de travail, matrimoniales, enfants confiés, etc.) affectent sensiblement la taille et la structure des ménages.

Le sud-est du Bénin est un exemple d’espace où des individus de nationalités différentes, appartenant à des groupes socioculturels différents se côtoient au quotidien. La frontière à Sèmè-Kraké est un carrefour important du couloir commercial reliant Abidjan à Lagos et se caractérise par un flux significatif de personnes et de biens.

Les barrières linguistiques constituent d’énormes obstacles dans l’accès aux soins de santé. Dans un espace aussi plurilingue comprenant une population importante de migrants, les interactions entre patients et professionnels de la santé de différentes cultures sont de plus en plus fréquentes. La variable nationalité est donc intervenue pour apprécier les recours aux soins de santé.

Système sanitaire face à la vulnérabilité de l’espace frontalier

Les espaces frontaliers au sud-est du Bénin appartiennent administrativement à deux (2) zones sanitaires à savoir la zone sanitaire Porto-Novo-Sèmè-Podji-Aguégués (PAS) et la zone sanitaire Akpro-missérété-Avrankou-Adjarra (AAA).

Les barrières linguistiques constituent d’énormes obstacles dans l’accès aux soins de santé. Dans un espace aussi plurilingue comprenant une population importante de migrants, les interactions entre patients et professionnels de la santé de différentes cultures sont de plus en plus fréquentes. La variable nationalité est donc intervenue pour apprécier les recours aux soins de santé

En effet, suite à l’adoption de la stratégie des soins de santé primaires à la Conférence d’Alma-Ata, la réflexion entamée à la Conférence de Lusaka et poursuivie à la Conférence d’Harare a abouti à la recommandation de la création, dans chaque pays, d’entités opérationnelles de mise en œuvre des soins de santé primaires appelés districts sanitaires et disposant d’une large autonomie dans la planification et la gestion des activités du niveau périphérique.

Le système sanitaire repose sur trois niveaux :

– le niveau périphérique avec la zone sanitaire (familles / communauté ; centre de santé et l’hôpital de zone qui est la 1ère référence) ;

– le niveau intermédiaire avec la Direction Départementale de la Santé (DDS) et le Centre Hospitalier Départemental ou l’hôpital de 2ieme référence ;

– le niveau central avec les Directions Techniques Centrales (DTC) et la référence nationale ou le Centre National Hospitalier Universitaire (CNHU).

La zone sanitaire représente l’entité opérationnelle la plus décentralisée du système de santé. Elle est organisée sous forme d’un réseau de services publics de premier contact (Maternités et dispensaires seuls, Centres de Santé) et des formations sanitaires privées, le tout appuyé par un hôpital de première référence public ou privé (hôpital de zone) et destiné à desservir une aire qui abrite entre 100.000 et 200.000 habitants.

Analyse des ressources en santé disponibles

L’objectif général poursuivi par le système sanitaire est d’améliorer l’état de santé et le bien-être de la population par une meilleure adéquation qualitative et quantitative entre l’offre des prestations sanitaires et les besoins essentiels de la population.

Une grande disparité dans la répartition géographique du personnel disponible dans le département, surtout la catégorie des médecins qui est plus concentrée dans les grandes villes particulièrement à Porto-Novo.

Les moyens de transport en urgence sont très indispensables dans les milieux éloignés des grands centres de santé. On ne peut pas référer des malades avec des moyens inadaptés, car il leur faut de moyen de transport adapté à leur état de santé pour pouvoir se déplacer et recevoir des soins.

Discussions

Dans le domaine de la santé, la question des ressources humaines est centrale, en quantité aussi bien qu’en qualité. Les besoins en personnel de santé pour couvrir l’ensemble des structures sanitaires et répondre à la norme 25 personnels qualifiés pour 10000 Habitants (norme OMS) restent importants pendant que la répartition du personnel existant n’est pas équitable sur l’ensemble du territoire. Dans les 2 zones sanitaires auxquelles appartient la zone d’étude, le nombre de médecins disponibles est acceptable, mais leur répartition pose problème.

Les localités transfrontalières du Bénin et de ses voisins étant des régions caractérisées par une forte densité et une grande interconnexion transfrontalière de leurs populations. L’absence de services de santé adéquats dans une telle zone en expansion rapide peut affecter l’état de santé des populations.

Conclusion

La situation actuelle, caractérisée par l’insuffisance en ressources humaines de qualité, le manque de moyens matériels et de cadres adéquats de travail est loin d’offrir cet idéal. L’offre de santé dans les espaces frontaliers au sud-est du Bénin est confrontée à l’insuffisance en ressources humaines de qualité, aux difficultés d’intervention au niveau famille et communauté au regard du nombre important de relais communautaires qui restent à former et à pourvoir en kits de relais, à la quasi inexistence des kits SMNI dans presque toutes les formations sanitaires.

Le développement des modes de réponse aux catastrophes et autres urgences fait apparaître plus que jamais la nécessité de travailler ensemble sans tenir compte des frontières. Les initiatives de coopération entre le Bénin et ses voisins dans le domaine de la surveillance intégrée des maladies et la riposte, n’est pas encore à la hauteur de cette importante interconnexion transfrontalière des populations.