Impact de la fécondité sur l’autonomisation économique de la femme au Bénin, African Economic Research Consortium, Novembre 2020

Impact de la fécondité sur l’autonomisation économique de la femme au Bénin, African Economic Research Consortium, Novembre 2020

Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

Auteurs : Josette R. A. GBETO et Véronique HOUNGUE

Organisation affiliée : African Economic Research Consortium (AERC)

Type de publication : Papier de recherche

Date de publication : 1er novembre 2020

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Fécondité et participation de la femme au marché de travail

Lorsque nous prenons l’ensemble des femmes, nous n’observons aucun effet significatif de la fécondité sur la participation au marché de travail. Cependant, nous notons un effet négatif et significatif de la fécondité sur la participation au marché du travail par la femme. En effet, une augmentation du nombre d’enfants que possède une femme de 1 point, diminue sa participation au marché de travail de 3,7 points de pourcentage.

Une augmentation du nombre d’enfants que possède une femme de 1 point, diminue sa participation au marché de travail de 3,7 points de pourcentage

Nous remarquons un effet plus important pour le sous-groupe des femmes âgées de 18 à 35 ans (3,7 points de pourcentage) et un effet moins important pour le sous-groupe des femmes âgées de 36 à 49 ans (1,3 points de pourcentage). Cela suggère que les femmes plus jeunes ayant des jumeaux sont susceptibles d’avoir plus d’enfants ce qui pèserait plus sur leur capacité de participation au marché de travail. En revanche, celles qui sont plus âgées, même en ayant des jumeaux ne seront plus enclin à faire d’enfant, ce qui pèserait moins sur leur participation au marché du travail. Ces résultats corroborent ceux de Longwe et al. (2017) qui ont démontré que le nombre d’enfants en bas âge est négativement corrélé à la participation des femmes sur le marché du travail, ce qui se traduit par un effet causal négatif de la fertilité sur les possibilités d’emploi des femmes en Afrique.

Fécondité et temps de travail de la femme

La fécondité a un effet négatif sur le temps de travail de la femme. Ainsi, plus la femme a d’enfants, plus sa capacité de travailler sur toute une année diminue. En effet, considérant l’ensemble des femmes, une augmentation d’une unité du nombre d’enfants, baisse la probabilité que la femme travaille à temps plein de 1,6 point de pourcentage. Cet effet est plus prononcé chez les femmes les plus jeunes (18-35 ans, 1,9 point de pourcentage) et moindre chez les femmes les plus âgées (36-49 ans, 1,4 point de pourcentage). Cela suggère que les femmes les plus jeunes subissent plus l’effet de la fécondité et cela s’explique par le fait que les objectifs de faire des enfants sont plus pour cette tranche d’âge. Alors que celles qui sont plus âgées ont parfois des enfants déjà un peu grands qui n’absorbent plus assez du temps des mères.

Fécondité et paiement du travail de la femme

Nous notons que la fécondité a un effet négatif sur le paiement du travail de la femme quel que soit la spécification. En effet, une augmentation du nombre d’enfants de la femme réduit la probabilité qu’elle soit payée. Bien que le paiement ici n’est pas continu, cela se traduit juste par le fait que, si la femme a plus d’enfants, elle ne dispose pas assez de temps pour faire des travaux rémunérés. C’est le cas par exemple des femmes en milieu rural, car lorsqu’elles ont beaucoup d’enfants, elles ne sont pas capable d’aller offrir la main d’œuvre sur le marché du travail. Ainsi, elles travaillent mais plus vers les activités non rémunérées comme les aides familiales, le travail pour le ménage, comme l’aide apporté à son mari dans l’agriculture.

Nous notons que la fécondité a un effet négatif sur le paiement du travail de la femme quel que soit la spécification. En effet, une augmentation du nombre d’enfants de la femme réduit la probabilité qu’elle soit payée

L’augmentation du nombre d’enfants d’une unité, réduit la probabilité que la femme soit rémunérée en espèce ou rémunérée en espèce et en nature plein de 0,9 point de pourcentage pour l’ensemble des femmes. Cet effet est plus prononcé chez les femmes les plus jeunes (18-35 ans, 1 point de pourcentage) et moindre chez les femmes les plus âgées (36-49 ans, 0,8 point de pourcentage).

Fécondité et autonomisation décisionnelle de la femme

Quel que soit la méthode d’estimation, la fécondité a un effet négatif sur les variables de décision de la femme. Puisque l’effet de la fécondité sur la décision de la femme par rapport à ses ressources n’est pas statistiquement significatif pour le modèle de sélection, nous nous abstenons d’en donner une interprétation. Cependant, nous observons qu’une augmentation du nombre d’enfants d’une unité, baisse la probabilité que la femme décide des visites à ses parents de 0,74 point de pourcentage. Ceci pourrait être expliqué par le fait que, plus la femme a d’enfants, plus ses responsabilités vis-à-vis des enfants augmentent, ce qui diminue son autonomie de décision de visites aux parents.

Les résultats nous montrent qu’une augmentation du nombre d’enfants d’une unité diminue la probabilité de la décision de la femme par rapport aux achats importants du ménage de 0,69 point de pourcentage et celle de la décision par rapport à la santé de la femme de 0,9 point de pourcentage

Dans le même sens, les résultats nous montrent qu’une augmentation du nombre d’enfants d’une unité diminue la probabilité de la décision de la femme par rapport aux achats importants du ménage de 0,69 point de pourcentage et celle de la décision par rapport à la santé de la femme de 0,9 point de pourcentage. Ces résultats sont conformes aux études antérieurs qui stipulent que la contribution des femmes au revenu du ménage, grâce à leur participation au marché du travail est un facteur favorable à la prise de décision concernant leur ménage (Majlesi, 2016; Thiombiano, 2014 ; Acharya et al, 2010 ; Gwako, 1997). En effet, comme nous l’avons montré ci-dessus, la fécondité a un effet négatif sur la participation au marché de travail de la femme, et une femme qui ne travaille pas a moins de pouvoir de décision.