Étude des impacts socio-économiques de la covid-19 au Bénin, Système des Nations Unies au Bénin, 2020

Étude des impacts socio-économiques de la covid-19 au Bénin, Système des Nations Unies au Bénin, 2020

Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

Site de publication : Système des Nations Unies au Bénin

Date de publication : 2020

Type de publication : Rapport

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La situation économique

Le Bénin a connu une forte croissance économique annuelle de 5 % en moyenne entre 2011 et 2019, largement tirée par l’agriculture, les services du port et les investissements privés et publics dans le cadre du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG 2016- 2021). Le PAG composé de 45 projets phares, d’un montant de 9 039 milliards de FCFA vise la création de 500 000 emplois directs et induits en cinq ans. Le secteur agricole très dynamique est soutenu par des productions record de coton (+17 % en 2018) et la diversification des secteurs d’exportation émergents (ananas, noix de cajou). Cette évolution est induite par la promotion et les mesures d’amélioration de la productivité des filières agricoles telles que le maïs, le riz, l’anacarde et l’ananas. Ces mesures concernent, notamment, la mise à disposition des intrants spécifiques et des semences améliorées au profit des producteurs ainsi que le soutien aux producteurs à travers le Projet d’Appui à la Diversification Agricole (PADA). La production de coton est estimée à plus de 732.000 tonnes.

Plusieurs projets et investissements sont en cours dans le cadre du PAG dans les domaines des infrastructures, de l’énergie, de l’agriculture et du tourisme. On peut noter, l’extension du réseau routier, la modernisation et l’extension du port autonome de Cotonou et la construction de centrales thermiques. L’industrie et les services ont également contribué positivement à la croissance, grâce à l’augmentation de l’électricité produite localement après l’ouverture de la nouvelle centrale électrique. Le secteur secondaire a enregistré une hausse de 13,6% de sa valeur ajoutée en 2019 contre 4,8% en 2018, soutenue par le dynamisme des BTP et une bonne évolution de l’ensemble des autres branches. La valeur ajoutée des BTP a augmenté de 19,1% sous l’impulsion des travaux de construction de vingt-deux (22) stades et l’asphaltage de 200 km de route. En liaison avec la bonne tenue des activités de construction, les activités extractives ont progressé de 13,2%. Les activités des industries agroalimentaires ont crû de 8,7% en 2019, en rapport avec la bonne campagne vivrière de 2018. Les autres industries manufacturières ont évolué de 16,3% en 2019, en lien avec la bonne campagne cotonnière. La mise en service en août 2019 de la Centrale thermique de Maria-Gléta d’une capacité de 127 mégawatts, a permis la hausse de la branche « Electricité, gaz et eau » de 10,3%. Le taux de croissance du secteur tertiaire s’est situé à 5,2% en 2019 après 5,7% en 2018, grâce au dynamisme de l’ensemble de ses composantes.

La croissance de la branche « Commerce » s’est établie à 2,5%. La hausse de la valeur ajoutée de la branche « Restaurants et Hôtels » de 9,5%, s’explique par le renforcement des capacités des acteurs touristiques, l’amélioration de la qualité des services et la poursuite de la modernisation des infrastructures touristiques et hôtelières suivant les standards internationaux. Avec l’amélioration des activités commerciales et le recours au marché financier sous régional, les activités des Banques et organismes financiers ont progressé de 3,4% en 2019.

La fermeture en aout 2019 des frontières avec le Nigéria a considérablement réduit les flux des échanges engendrant des difficultés au niveau des activités du secteur informel

Du côté de la demande, la consommation et les investissements privés ont le plus contribué à l’activité économique. Du côté des emplois, la croissance économique a été soutenue, principalement, par la formation brute de capital fixe (FBCF) qui a progressé de 10,2% en 2019 après 16,3% en 2018. Le ralentissement du rythme de croissance de la FBCF a découlé de la contraction de 25,6% des investissements publics. La composante privée a progressé de 20,2%. S’agissant de la consommation finale, elle a été en hausse en 2019 de 3,8% comme en 2018. Sa composante privée a progressé de 3,5%, essentiellement, tirée par l’amélioration des revenus des ménages, sous l’effet de la bonne campagne agricole. La composante publique a affiché une hausse de 5,8%. L’économie du Bénin est également fortement tributaire du commerce informel de réexportation et de transit avec le Nigéria (estimé à environ 20% du PIB). La fermeture en aout 2019 des frontières avec le Nigéria a considérablement réduit les flux des échanges engendrant des difficultés au niveau des activités du secteur informel et également un manque à gagner en termes de recettes publiques.

Malgré les performances macroéconomiques, le Bénin reste vulnérable aux chocs exogènes

L’inflation reste modérée ces dernières années, en-deçà de 1% et des normes de la CEDEAO (3%). L’activité économique s’est déroulée dans un contexte de maîtrise des prix. Le taux d’inflation en 2019, est ressorti à -0,9% contre +0,8% en 2018. Cette évolution est liée à la baisse des prix des « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » (-2,7%), « boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants » (-1,3%) et « logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles » (-1,8%).

En matière de gouvernance économique, le pays a gagné 4 places dans le classement Doing Business 2020. L’environnement des affaires a fait des progrès dans l’économie formelle. Des progrès sont constatés en matière de création d’entreprise et de raccordement à l’électricité, mais l’environnement reste faible dans beaucoup d’autres domaines. Le Bénin se situe au 76e rang de l’Indice de performance logistique et au 149e rang sur 190 pays dans le classement Doing Business de la Banque mondiale sur la réglementation des affaires. Le Bénin doit redoubler d’efforts sur le plan de l’accès au crédit. En outre, malgré des progrès, il continue de faire face à des défis majeurs en matière de corruption, se classant au 85e rang sur 180 pays dans l’Indice de perception de la corruption de Transparency International en 2018 avec un score de 40/100. Malgré les performances macroéconomiques, le Bénin reste vulnérable aux chocs exogènes : aléas climatiques, termes de l’échange variables (prix du coton et du pétrole) et évolution au Nigéria son principal partenaire commercial et la principale source de son activité économique.

La situation de l’emploi

En 2018, le volume de l’emploi est estimé à 3,1 millions personnes, dont 46,8 % sont des femmes, et 53, 8% des hommes. 46,2% de la population ayant un emploi sont des jeunes âgés de 15- 34 ans. Le taux d’activité dans les zones rurales reste supérieur à celui enregistré dans les zones urbaines. De manière générale, la population active reste peu qualifiée, en particulier en ce qui concerne les ruraux et les femmes. Près de 80 % des Béninois n’ont reçu qu’au plus cinq années d’instruction (primaire). Le taux de chômage touche 3 % des jeunes hommes âgés de 15 à 34 ans contre 4,3 % des jeunes femmes, et 16 % des jeunes diplômés. Mais la situation globale cache un taux de sous-emploi élevé de 72 % de la population active et de 90 % des femmes dans les zones rurales.

Si le taux de chômage demeure très faible au niveau national (2,3%), il reste particulièrement élevé chez les jeunes diplômés, atteignant 39,3%. L’analyse par secteur révèle d’importantes disparités. Le secteur primaire emploie près de la moitié de la population active (48 %), le secteur secondaire 12%, et le secteur tertiaire 40%, dont 7% dans l’administration publique. La répartition entre secteur formel et secteur informel consacre la prédominance du secteur informel, 91 % de la population active évolue dans le secteur informel. Dans l’emploi informel, c’est le travail agricole qui prédomine. Plus de 77 % des travailleurs indépendants exercent en tant qu’agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture et de la pêche. Ce secteur reste caractérisé par la prédominance des actifs non instruits (81,3 %). L’écrasante majorité des entreprises est de très faible petite taille (micro-entreprises). La forte dominance du secteur informel traduit une structure économique faiblement productive et une vulnérabilité de la main d’œuvre qui ne bénéficie pas dans ce secteur, de dispositifs de protection sociale. L’auto-emploi (81 %) des actifs en 2015 domine le salariat.

Les jeunes (15-34 ans) représentent 66 % de la population active béninoise et sont les plus touchés par le chômage

Les jeunes (15-34 ans) représentent 66 % de la population active béninoise et sont les plus touchés par le chômage, le sous-emploi et la précarité. En dépit du fait que 98,0 % des jeunes (15-34 ans) aient un emploi, la majorité connait le sous-emploi visible, le sous-emploi invisible, des emplois vulnérables.

Le taux de sous-emploi est passé de 74,8 % en 2010 à 67,2 % en 2015 et le taux de chômage a baissé de 2,6 % en 2011 à 2,3 % en 2015. L’ampleur du sous-emploi invisible que caractérise le revenu tiré de l’activité principale comparé au salaire minimum est de 62,0 % en 2015.