État des lieux sur la situation de l’éducation des personnes en situation de handicap dans cinq (05) communes du Bénin, Campagne mondiale pour l’éducation (CME), le Réseau africain de campagne pour l’éducation Pour Tous (ANCEFA) et OXFAM IBIS, 2017

État des lieux sur la situation de l’éducation des personnes en situation de handicap dans cinq (05) communes du Bénin, Campagne mondiale pour l’éducation (CME), le Réseau africain de campagne pour l’éducation Pour Tous (ANCEFA) et OXFAM IBIS, 2017

Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

Auteur: DOUSSOH M. K. Bruno

Organisation affiliée :  Campagne Mondiale pour l’Éducation (CME), le Réseau Africain de Campagne pour l’Éducation Pour Tous (ANCEFA) et OXFAM IBIS

Type de publication: Rapport

 Date de publication : 2017

Lien vers le document original

 

Contexte et justification de l’étude Au Bénin

L’éducation est une priorité nationale consacrée par les dispositions de la constitution du 11 décembre 1990 et clairement réaffirmée dans les politiques nationales et stratégies de développement.

Cette volonté politique affirmée par l’Etat béninois en faveur du droit à l’éducation s’est, une fois encore, traduite par son engagement acté devant les Nations Unies en septembre 2015 lors de l’assemblée générale de l’adoption des Objectifs du Développement Durable (ODD) et plus tard à Paris en novembre de la même année lors de l’adoption par les dirigeants mondiaux du cadre de l’éducation 2030 qui fixe des orientations opérationnelles pour la réalisation de l’ODD4.

Ce cadre met un accent particulier sur la promotion de l’éducation de base inclusive de qualité et de l’apprentissage tout au long de la vie. Si au Bénin, les efforts conjugués des différents acteurs éducatifs (Gouvernants, PTF, OSC et communautés à la base) ont permis aujourd’hui d’améliorer l’accès des enfants à l’école, il existe tout de même encore plusieurs maux qui minent l’école béninoise et ralentissent la progression du Bénin vers l’atteinte des objectifs définis par le cadre de l’éducation 2030.

Parmi ces maux figurent l’exclusion du système scolaire des personnes en situation de handicap car leurs besoins spécifiques étant rarement pris en compte dans les stratégies et politiques de développement. En l’absence de statistiques récentes, la situation des enfants souffrant d’un handicap n’est pas bien connue.

Cependant ces enfants sont exclus de l’école, des programmes de formation professionnelle et des interventions sanitaires. De plus, les familles du fait des raisons culturelles, se culpabilisent d’avoir donné naissance à un enfant en situation de handicap. Cette exclusion liée au handicap peut être aggravée par d’autres sources de discrimination et de marginalisation, comme le genre. Le combat contre cette grave discrimination est urgent à plusieurs égards.

Premièrement, parce que ce déni du droit à l’éducation prive les enfants des futurs bénéfices de l’éducation et des possibilités d’accès à d’autres droits (par exemple, en limitant leurs possibilités d’emploi et de participation citoyenne plus tard dans la vie). Il restreint leur pleine participation dans la société, exacerbe l’exclusion et réduit leurs chances d’échapper à la pauvreté. Trop souvent, l’exclusion scolaire marque le début d’une vie d’exclusion sociale.

Pour cette raison, et à cause de tous les autres obstacles auxquels elles sont confrontées, les personnes en situation de handicap se retrouvent généralement les plus pauvres parmi les pauvres. Face à cette situation qui ne fait que trop durer, la Coalition Béninoise des Organisations pour l’Education Pour Tous (CBO-EPT) soucieuse de contribuer à garantir à tous une éducation de base inclusive de qualité, à travers le plaidoyer, la veille et le contrôle citoyen, a pris l’initiative de réaliser cette étude pour permettre de mieux apprécier la situation de prise en charge éducative des personnes en situation de handicap.

En effet, l’approche inclusive qui consiste à mettre les enfants en situation de handicap et ceux non handicapés ensemble pour leur éducation a l’avantage d’éliminer les fausses conceptions du handicap dès le bas âge et par conséquent d’éliminer les causes de la discrimination pour une vie communautaire décente entre personnes en situation de handicap et personnes non handicapées.

Cette étude s’est déroulée dans cinq des dix communes ciblées par CSEF à savoir : So-Ava, klouékanmey, Zogbodomey, Nikki et Boukoumbé. L’initiative s’inscrit dans la logique des interventions du projet « Fonds de la Société Civile pour l’Education (FSCE), phase 3, financé par le Partenariat Mondial pour l’Education (PME), sous la coordination internationale de la Campagne Mondiale pour l’Education (CME) et celle de ANCEFA et Oxfam IBIS au niveau régional.

Objectifs de l’évaluation

De façon générale, cette étude vise à réaliser un état des lieux sur la situation et les conditions de prise en charge éducative des personnes en situation de handicap (enfants en âge scolarisable, jeunes et adultes) dans les communes de So-Ava, klouékanmey, Zogbodomey, Nikki et Boukoumbé.

De façon spécifique, il s’est agi de :

– Répertorier les types de handicap qui induisent l’exclusion des personnes qui les portent, du système scolaire et d’apprentissage ;

– Quantifier les enfants scolarisables, les jeunes et les adultes concernés par ces types de handicap par commune ; – Identifier de façon précise, les facteurs limitant la jouissance effective de leur droit à l’éducation ;

– Présenter un répertoire des secteurs vers lesquels se tournent les personnes en situation de handicap quand elles n’ont pas accès à l’école ;

– Recueillir des propositions de stratégies pour une meilleure prise en compte des besoins éducatifs spécifiques des personnes en situation de handicap dans les politiques de développement du secteur ;

– Analyser ces propositions et formuler à l’endroit de divers acteurs éducatifs, des suggestions et recommandations applicables, et susceptibles de favoriser une meilleure prise en charge éducative des enfants, jeunes et adultes en situation de handicap.

Méthodologie

Le présent état des lieux est une étude transversale, descriptive et analytique réalisée dans les cinq (5) communes retenues. S’inscrivant dans une approche participative, elle a connu l’implication effective de toutes les catégories d’acteurs concernés par la problématique de l’éducation des enfants en situation de handicap au niveau de chacune des communes.

Revue documentaire

La revue documentaire a constitué une étape importante de la présente mission. Elle a porté essentiellement sur des documents qui abordent la problématique des personnes en situation de handicap en général et celle de leur intégration scolaire et professionnelle en particulier. Des documents de stratégies et de politique qui rendent compte de la situation de ces personnes ont été consultés pour apprécier l’écart entre le vécu et les attentes de ces derniers.

Cette revue a permis d’aborder au niveau de la littérature les questions liées aux instruments juridiques, aux textes et lois en vigueur qui encadrent la prise en charge éducative des personnes en situation de handicap dans le monde et au Bénin, aux initiatives et programmes majeurs en direction de ces personnes et aux obstacles limitant la jouissance de leur droit. Elle permit enfin d’identifier les données complémentaires qui ont fait l’objet de collecte sur le terrain.

Couverture de l’étude

L’étude s’est déroulée dans les communes de So-Ava, Klouékanmey, Zogbodomey, Nikki et Boukoumbé. Des données de type quantitatif ont été recueillies, complétées et approfondies par des données qualitatives obtenues auprès d’un certain nombre d’informateurs.

Présentation et analyse des résultats

Contexte scolaire : accessibilité des ESH à l’école

Les personnes en situation de handicap sont d’un contexte extrêmement difficile où une faible attention est souvent accordée à la prise en charge du handicap. A cela s’ajoute l’image de la famille que renvoie à l’extérieur l’enfant en situation de handicap.

De nombreux parents ont expliqué le fait de garder les ESH à la maison au lieu de les envoyer à l’école par le regard stigmatisant d’autrui vis-à-vis de leurs enfants. Pour ces derniers, être reconnus comme parents d’un enfant en situation de handicap attire souvent des médisances sur la famille.

Ce type de comportement est particulièrement plus accentué en milieu rural qu’urbain. Toutefois, ce regard stigmatisant d’autrui ne saurait justifier le maintien des ESH en âge de scolarisation à la maison car ce faisant les parents privent leurs enfants de nombreuses opportunités d’apprentissage de la vie en société qui se font plus facilement avec d’autres enfants de son âge.

Or ce contact est la clé de l’acquisition de différentes valeurs telles que le besoin d’équité et de justice, l’intégration des valeurs consensuelles, et l’acquisition d’attitudes favorables au partage des expériences.

Laisser grandir socialement, physiquement, intellectuellement les ESH au même titre que les autres enfants dits « normaux » participe de leur responsabilisation et de celle de la société qui doit intégrer cette diversité des profils. En ce qui concerne les structures éducatives notamment les écoles intégratrices et les écoles spécialisées, elles sont en nombre très infirme et très inégalement réparties sur le territoire national.

Les plus connues sont : Pour les sourds – Le collège d’Akogbato : seul établissement public d’éducation des enfants sourds ; – Les établissements ou centres de formation privés que sont le CAEIS de Louho (Centre d’Accueil, d’Education et d’Intégration des Sourds) à Porto-Novo et le centre pour la promotion des initiatives des sourds situé à Alga (Cotonou) ; – Le Centre des sourds de Parakou ; – Le Centre des Sourds de Vedoko. Pour les aveugles – Le Centre de Promotion Sociale des Aveugles de Sègbèya ; – Le Centre de Promotion Sociale des Aveugles de Parakou ; – Le centre « SILOE » de Djanglanmè (Mono) pour les aveugles. – Centre des Aveugles d’Adjohoun