État des lieux de l’intégration du changement climatique dans les politiques et stratégies nationales et sectorielles au Bénin, Climate Analytics, 2018

État des lieux de l’intégration du changement climatique dans les politiques et stratégies nationales et sectorielles au Bénin, Climate Analytics, 2018

Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

Organisations affiliées : Climate Analytics, Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ)

Site de publication : climateanalytics.org

Type de publication : Rapport

Date de publication : 2018

Lien du document original

 

Dans le souci de pouvoir créer un cadre de résilience aux effets du changement climatique et après les premières formulations de politiques telles que le Programme d’Action National d’Adaptation (PANA), le Bénin est maintenant dans le processus d’élaboration de stratégies et politiques d’adaptation aux changements climatiques plus complètes, telles que le Plan National d’Adaptation (PNA) (CCNUCC, 2012). Au Bénin, les capacités techniques, financières et humaines limitées rendent la mise en place d’un processus PNA opérationnel difficile.

Contexte politico-institutionnel du changement climatique au Bénin

La question des changements climatiques est systématiquement couplée aux questions environnementales, et gérée par la Direction Générale des Changements Climatiques (DGCC) au sein du Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable (MCVDD, 2016). De plus, le Bénin s’est doté d’une Agence Béninoise pour l’Environnement (ABE), d’un Comité National sur les Changements Climatiques (CNCC), d’une Commission de Modélisation Économique des Impacts du Climat et de l’Intégration des Changements Climatiques dans le Budget Général de l’État (CMEICB), et d’un Fonds National pour l’Environnement et le Climat (FNEC) qui est un instrument d’accompagnement et de financement des initiatives liées aux changements climatiques.

Au niveau du gouvernement central, le Bénin a mis en place un Programme National de Gestion des Changements Climatiques (PNGCC) qui a pour objectif global de « contribuer au développement durable et résilient aux changements climatiques en apportant des solutions adéquates aux défis liés aux changements climatiques » (MECGCCRPRNF, 2015).

Résultats des analyses

Documents officiels sur le changement climatique

Les 6 documents officiels du Bénin sur le changement climatique analysés dans cette étude s’accordent à cent pour cent sur le fait que le phénomène représente une ‘menace’, un ‘défi’ ou un ‘facteur limitant’ du développement économique du pays. Bien que les termes spécifiques utilisés divergent d’un document à un autre, ils gravitent tous autour du terme central de menace. Cette notion est reliée au secteur de développement économique et plus particulièrement au secteur agricole, qui représente un domaine économique clé (Banque Mondiale, 2017).

En 2017, les dépenses prévues pour le MCVDD s’élèvent à 147,912.946 milliards de francs CFA soit 11,30% du budget national, en augmentation de 316% par rapport à l’année précédente

Tous les documents reconnaissent à l’unanimité les secteurs de (i) l’agriculture (y compris la production animale, la pêche et l’aquaculture), (ii) des zones côtières, et (iii) des ressources en eau comme vulnérables. En plus, les secteurs de l’énergie et de la santé humaine sont aussi listés comme vulnérables (MEPN, 2008; MCVDD, 2016).

Le Programme dActions du Gouvernement (PAG 2016-2021)

Le Programme d’Actions du Gouvernement du Bénin est la stratégie nationale de développement actuel du pays qui a été adoptée en 2016, et qui dessine les grands axes de développement et d’investissement au Bénin d’ici à l’horizon 2021. En ce sens, le PAG est l’instrument unique de pilotage de l’action gouvernementale et sert pour la programmation des activités des ministères, ainsi que la mise en œuvre du budget de l’État (Présidence du Bénin, 2017). Il compte mettre en œuvre 45 projets phares et 95 projets sectoriels qui touchent les secteurs de l’agriculture, des transports, des énergies et mines, du tourisme et de la culture, de l’artisanat, des infrastructures et de la gouvernance, dont certains sont reconnus vulnérables au changement climatique.

Les projets et actions relatifs au changement climatique présentés dans le PAG ne contiennent pas encore de précision concrète concernant leur mise en œuvre et notamment sur l’organe de mise en œuvre, le budget alloué ou même la période de mise en œuvre.

Documents de politique et stratégie sectorielle

Dans les secteurs relatifs à l’énergie, la santé et aux populations, les stratégies sectorielles ne contiennent aucune mention des termes ‘changement climatique’ ou autre terminologie similaire dans leur formulation. Les secteurs de l’agriculture et des ressources en eau représentent les secteurs ou le changement climatique est le plus mentionné dans les stratégies sectorielles. Dans le secteur des ressources en eau par exemple, le changement climatique est présenté comme ‘facteur d’amenuisement des ressources en eau’ (MEE, 2010) ou comme ‘perturbations persistantes des ressources en eau’ (ME, 2015), alors que les stratégies agricoles dépeignent le changement climatique comme ‘risque majeur pour l’agriculture et la sécurité alimentaire’ (MERPMEDER, 2011).

Au fil des années, la fréquence d’utilisation ou d’apparition du terme ‘changement climatique’ dans les stratégies des secteurs de l’eau et de l’agriculture s’est accrue, dénotant une place grandissante de la thématique dans la planification du développement de ces secteurs, ou du moins une reconnaissance officielle et sectorielle du lien direct entre le changement climatique et les activités du secteur, bien que cette considération prépondérante ne se traduise pas nécessairement en plan d’actions concret.

Discussions et recommandations

Dans une situation actuelle où les effets du changement climatique se font sentir de plus en plus et les demandes d’adaptation croissent, il s’avère important que le budget du ministère en charge de la question s’aligne avec l’énormité des besoins. Le ministère nécessite un pouvoir financier pour une appropriation et intégration effective de la thématique en interne ainsi que pour pouvoir inciter les autres ministères à faire de même.

Les projets et actions relatifs au changement climatique présentés dans le PAG ne contiennent pas encore de précision concrète concernant leur mise en œuvre et notamment sur l’organe de mise en œuvre, le budget alloué ou même la période de mise en œuvre

Cependant, les efforts du gouvernement pour renforcer la capacité financière du ministère de tutelle à s’attaquer aux problèmes auxquels il fait face méritent d’être notés.

En 2017, les dépenses prévues pour le MCVDD s’élèvent à 147,912.946 milliards de francs CFA soit 11,30% du budget national, en augmentation de 316% par rapport à l’année précédente.

Points chaudspour lintégration du changement climatique

Le PAG 2016-2021 a partiellement intégré le changement climatique mais sans précision concrète sur les moyens de mise en œuvre de ces considérations, et ceci bien que les divers projets qu’il contient présentent des opportunités pour une prise en compte efficace des questions climatiques, pour réduire le risque que pose ce facteur à sa réussite globale et aussi renforcer la capacité adaptative dans certains secteurs clés de l’économie.

Le fait que les secteurs relatifs à l’énergie, la santé et les populations n’aient pas fait référence au terme changement climatique ni à une autre terminologie similaire signifie que les mesures et décisions politiques du Bénin dans ces domaines ne se réfèrent ni aux impacts du changement climatique, ni à des mesures d’adaptation de ces impacts sur les secteurs concernés.

Les documents de stratégie des secteurs de la santé et des populations sont en cours de mise en œuvre, et apparaissent tenir compte seulement de manière ‘curative’, ponctuelle et non systématique des problématiques du changement climatique. Le manque de prise en compte des risques induits par le changement climatique dans ces secteurs met en péril la mise en place en temps opportun des mesures d’adaptation et d’une stratégie de résilience.

Au fil des années, la fréquence d’utilisation ou d’apparition du terme ‘changement climatique’ dans les stratégies des secteurs de l’eau et de l’agriculture s’est accrue, dénotant une place grandissante de la thématique dans la planification du développement de ces secteurs, ou du moins une reconnaissance officielle et sectorielle du lien direct entre le changement climatique et les activités du secteur, bien que cette considération prépondérante ne se traduise pas nécessairement en plan d’actions concret

Au sein de ces ministères, l’accent doit être mis sur la coordination entre les divers acteurs chargés de la formulation et de l’analyse des informations techniques dans les politiques et stratégies, afin que le changement climatique soit considéré de manière effective durant la formulation et la mise en œuvre de ces documents.

Il serait ainsi essentiel de former au sein des ministères sectoriels un groupe de travail chargé de l’interface Science-Politique qui soit constitué de membres des directions de la planification et de la prospective (DPP), des directions techniques (DT) et des cellules environnementales (CE), et dont le rôle serait de s’assurer que les informations relatives au changement climatique fondées sur la science soient incorporées dans les politiques et stratégies, depuis leur formulation jusqu’à leur plan de mise en œuvre.