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Auteur : Tanguy Ahodègnon GBAGUIDI
Site de publication : IJAFAME
Type de publication : Article
Date de publication : 31 janvier 2023
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Introduction
Tout pays dispose de sa politique économique pour atteindre les objectifs dont il s’est fixé dans le but d’améliorer la situation économique générale du pays. La théorie économique propose principalement deux instruments de politique économique. Il s’agit de la politique budgétaire et de la politique monétaire. Si les États de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA) ont la possibilité de manipuler facilement la politique budgétaire, ces pays ont des restrictions quant à la manipulation de la politique monétaire. Ainsi, la politique monétaire selon plusieurs auteurs souffre d’une faiblesse de son efficacité.
La politique monétaire de la zone UEMOA en général et celle du Bénin en particulier souffrirait d’inefficacité, car contrairement aux autres pays et zone monétaires, la politique monétaire du Bénin se préoccupe beaucoup plus de la lutte contre l’inflation que de la croissance économique. Selon la BCEAO, l’inflation pourrait avoir un effet positif sur la croissance économique de zone. Ce niveau d’inflation favorable à la croissance est fixé à un seuil de 3%. Cette règle semble contredire la loi de Philips qui annonce la possibilité d’un arbitrage entre l’inflation et chômage. De ce fait, les injections de liquidités par la BCEAO ont permis aux réformes mises en place par le Bénin entre 1990 et 2014 de passer d’un niveau de croissance de 2,77% à 4,27%. La masse monétaire de cette période rapportée au Produit Intérieur Brut (PIB) est de 19,98%.
Politique monétaire de la BCEAO
Dans l’espace UEMOA, la conduite de la politique monétaire est dévolue à la BCEAO pour les huit pays membres de l’union. La conduite de cette politique est réalisée grâce à des outils appropriés dans le but d’atteindre les objectifs fixés. Dans cette section, nous présenterons les objectifs, les instruments et un bref historique de la politique monétaire de la BCEAO. La section se termine par la présentation de l’évolution des agrégats économiques et monétaires au Bénin.
Les objectifs de la politique monétaire de la BCEAO
Depuis 2010, la politique monétaire de la BCEAO est d’assurer la stabilité des prix, définie sur la base d’un ciblage d’inflation dans un intervalle de plus ou moins 1% autour de 2%. Cet objectif de stabilité des prix trouve son encrage institutionnel dans les statuts de la BCEAO en son article 8 qui stipule : « l’objectif prioritaire de la politique monétaire de la BCEAO est d’assurer la stabilité des prix. Sans préjudice de cet objectif, la banque centrale apporte son soutien aux politiques économiques de l’UEMOA, en vue d’une croissance saine et durable ».
Ce dernier objectif cadre bien avec les travaux de Milton Friedman (1982) qui, établissant la relation entre la monnaie et l’inflation, retient que : “l’objectif à long terme de la politique monétaire doit être la stabilité des prix”.
Revue théorique
L’absence de consensus par rapport à l’efficacité de la politique monétaire dans la zone UEMOA a contribué à l’usage de quelques mesures non conventionnelles. En effet, selon Kanga, un quasi-consensus sur la pertinence et l’efficacité des mesures non conventionnelles mises en œuvre par les banques centrales est observé dans le contexte de taux d’intérêt nominal proche de zéro après la crise financière. Globalement, ces mesures se sont révélées assez efficaces pour prévenir de nouvelles difficultés financières, rétablir le fonctionnement des marchés financiers et assouplir les conditions de financement. Elles ont éventuellement eu des effets bénéfiques sur la croissance économique, l’inflation et le chômage, même si les effets macroéconomiques de ces mesures sont difficiles à évaluer.
La théorie économique sur l’efficacité de la politique monétaire de la zone UEMOA ne fait pas l’unanimité. Ainsi, l’analyse de l’efficacité de cet instrument économique est d’une importance cruciale pour les décideurs et responsables de cette zoné monétaire. Les études empiriques permettent de mieux apprécier l’efficacité de cet instrument politique et économique.
Suggestions et /ou implications de politiques économiques
Il ressort que l’augmentation de la masse monétaire entraîne aussi bien une augmentation du crédit à l’économie que du crédit au gouvernement. Mais le coefficient de corrélation entre la masse monétaire et le crédit au gouvernement est plus élevé que celui entre la masse monétaire et le crédit à l’économie. On conclut donc que l’augmentation de la masse monétaire entraîne beaucoup plus l’augmentation du crédit au gouvernement que celle du crédit à l’économie qui reste pourtant la seule catégorie de crédit génératrice de croissance économique. Il importe, pour cela, de formuler des recommandations visant à favoriser le financement de l’économie, gage de la production de la richesse.
Ainsi, nos recommandations de politiques économiques pour une croissance économique soutenue et durable vont à l’endroit des autorités monétaires et des banques commerciales.
À l’endroit des autorités monétaires
Il ressort des estimations que la masse monétaire pour le Bénin est en constante évolution. Mais cette évolution de la masse monétaire se traduit moins par une augmentation du crédit à l’économie que par celle du crédit au gouvernement. Pour inverser cette tendance, nous pensons que la BCEAO pourrait :
Encourager les banques qui accordent plus de crédit à l’économie en leur assouplissant les conditions de refinancement aux guichets de la BCEAO ; Créer une agence de notation des entreprises en vue de réduire l’asymétrie d’informations qui amène les banques commerciales à développer des comportements de prudence en matière d’octroi de crédits au secteur privé.
À l’endroit des banques commerciales
À l’endroit des banques, nous recommandons de : Alléger les conditions d’octroi de crédit aux agents économiques ; en exigeant moins de garanties ; Répercuter la baisse des taux directeurs de la Banque Centrale sur les taux débiteurs appliqués aux agents économiques.