Bénin : Bénéfices économiques et sociaux de l’éducation des filles et de l’élimination du mariage des enfants, UNICEF et Banque Mondiale, Décembre 2021

Bénin : Bénéfices économiques et sociaux de l’éducation des filles et de l’élimination du mariage des enfants, UNICEF et Banque Mondiale, Décembre 2021

Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.

Auteurs : Quentin Wodon, Hyacinthe Gbaye, Serghei Buruiana, Mathieu Koukpo, Ministère des Enseignements Maternel et Primaire et de Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de Formation Professionnelle

Organisation affiliée : UNICEF et Banque Mondiale

Type de publication : Rapport

Date de publication : Décembre 2021

Lien vers le document originale

 

Introduction

Malgré les progrès accomplis au cours des deux dernières décennies, les filles ont toujours des niveaux de scolarité inférieurs à ceux des garçons, surtout au niveau secondaire au Bénin. Cela s’explique en partie par le fait que de nombreuses filles sont mariées ou deviennent mères avant l’âge de dix-huit (18) ans, souvent avant d’être physiquement et émotionnellement prêtes à devenir épouses et mères. Éduquer les filles, mettre fin au mariage des enfants et prévenir les grossesses précoces sont essentiels pour que les filles aient une meilleure autonomie à l’âge adulte, non seulement en tant que futures épouses et mères, mais aussi sur le marché du travail et dans leurs communautés. C’est essentiel pour que le pays atteigne son potentiel de développement.

S’appuyant en partie sur des travaux aux niveaux global et régional sur les avantages de l’éducation des filles, cette note décrit les tendances nationales en matière de mariage des enfants, de grossesses précoces et du faible niveau d’instruction des filles au Bénin, ainsi que leur impact sur d’autres indicateurs de développement.

Cadre conceptuel

Le niveau d’instruction des filles, le mariage des enfants et les grossesses précoces sont étroitement liés. Mettre fin au mariage des enfants et aux grossesses précoces améliorerait l’éducation des filles. Inversement, l’amélioration de l’éducation des filles contribuerait à réduire le mariage des enfants et les grossesses précoces.

Les filles qui se marient ou abandonnent l’école prématurément sont plus susceptibles d’être en mauvaise santé, d’avoir plus d’enfants au cours de leur vie et de gagner moins à l’âge adulte

En outre, le faible niveau d’instruction et d’apprentissage, le mariage des enfants et les grossesses précoces affectent les trajectoires de vie des filles à bien des égards. Les filles qui se marient ou abandonnent l’école prématurément sont plus susceptibles d’être en mauvaise santé, d’avoir plus d’enfants au cours de leur vie et de gagner moins à l’âge adulte. Cela rend plus probable que leur ménage vivra dans la pauvreté.

Les autres risques comprennent la violence entre partenaires intimes et le manque de capacité de décision au sein du ménage. Fondamentalement, les filles qui se marient comme enfants ou abandonnent l’école prématurément, sont privées de leurs droits fondamentaux. Cela affecte à son tour leurs enfants. Par exemple, les enfants de jeunes mères courent un risque plus élevé de mourir avant l’âge de cinq (5) ans, de souffrir de malnutrition et d’échouer à l’école.

Comme cela est souligné dans une autre note de cette série, les coûts économiques et sociaux du mariage des enfants, des grossesses précoces et du faible niveau d’instruction des filles sont importants. Le fait que ces coûts soient substantiels et qu’investir dans les adolescentes, notamment en mettant fin au mariage des enfants et aux grossesses précoces et en offrant de meilleures opportunités éducatives, est bien connu.

Tendances au cours du temps

Grâce en partie à l’Éducation pour tous et à d’autres initiatives, des progrès substantiels ont été réalisés, en particulier aux niveaux primaire et secondaire du premier cycle, mais les données administratives suggèrent une baisse depuis 2018. La crise de la COVID a probablement aussi eu un impact négatif.

Seule une fille sur quatre (24,2%) âgée de 18 à 20 ans a terminé le 1er cycle du secondaire et une fille sur dix (10,3%) âgée de 21 à 24 ans termine le second cycle du secondaire selon la dernière EDS. 29,8% des filles âgées de 18 à 22 ans se sont mariées avant l’âge de 18 ans

Au Bénin, alors que seulement une femme sur dix âgée de 41 à 49 ans a terminé ses études primaires, environ la moitié des filles âgées de 15 à 18 ans le font dans la dernière EDS [Enquête Démographique et de Santé]. Cela représente un gain de 36,7 points de pourcentage au cours des trois dernières décennies. Seule une fille sur quatre (24,2%) âgée de 18 à 20 ans a terminé le 1er cycle du secondaire et une fille sur dix (10,3%) âgée de 21 à 24 ans termine le second cycle du secondaire selon la dernière EDS.

Seule une fille sur quatre (24,2%) âgée de 18 à 20 ans a terminé le 1er cycle du secondaire et une fille sur dix (10,3%) âgée de 21 à 24 ans termine le second cycle du secondaire selon la dernière EDS. 29,8% des filles âgées de 18 à 22 ans se sont mariées avant l’âge de 18 ans. Cela représente une réduction de six points de pourcentage par rapport à la prévalence chez les femmes âgées de 41 à 49 ans, ce qui suggère des progrès assez limités au fil du temps.

Relations entre le mariage des enfants, les grossesses précoces et l’éducation des filles

Les problèmes du mariage des enfants, de la procréation précoce et du faible niveau de scolarité des filles sont étroitement liés. Ils s’influencent réciproquement. Un examen rapide des données suggère que ces relations sont fortes. A mesure que les taux de scolarisation dans le secondaire augmentent, l’impact marginal sur le mariage des enfants peut être pus faible. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il est souvent difficile d’atteindre les cas les plus critiques (mettre fin plutôt que réduire le mariage des enfants) dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres.

Les résultats suggèrent qu’après un certain âge, les filles doivent souvent choisir entre le mariage et la scolarité. De plus, une fois qu’une fille est mariée, il lui est très difficile de rester à l’école. En termes simples, le fait que pour de nombreuses filles, l’option qui leur est accessible est soit de poursuivre la scolarité, soit de se marier, mais pas les deux, implique que la causalité entre le mariage et la scolarité va dans les deux sens : le mariage des enfants réduit les perspectives d’éducation des filles, et de meilleures opportunités d’éducation (et d’emploi) pour les filles réduisent la probabilité de se marier tôt.

Enfin, à travers les générations, en réduisant le niveau d’éducation des filles, le mariage des enfants et la procréation précoce ont des répercussions sur les opportunités offertes aux enfants nés de jeunes mères. En résumé, le mariage des enfants et la procréation précoce ont un effet négatif sur le niveau de scolarité. À l’inverse, garder les filles à l’école réduit considérablement le risque de mariage d’enfants et de procréation précoce.