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Auteurs : Précieux BEHANZIN, Lucien AGBANDJI et Georges DOSSOU
Type de publication : Papier de recherche
Date de publication : 2019
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Introduction
Au cours de ces dix dernières années, le Bénin a connu une croissance économique moins erratique (5,62% en moyenne) avec une population majoritairement jeune et une population active représentant 51,5% de la population totale (EMICoV, 2011). De 2007 à 2011, la courbe du taux d’occupation des jeunes (15-34 ans) présentait une allure décroissante ; passant de 68,2% en 2007 à 59,3% en 2011 (INSAE, 2013). Marqué de surcroît par une prépondérance du secteur informel et un taux de chômage chez les jeunes (15-29 ans) estimé à 9,1% (ETVA, 2012), notre pays se caractérise également par un taux d’insertion des jeunes très faible. Avant la crise économique des années 1980, l’Etat était le principal employeur. Par voies de concours et de recrutements, de nombreux diplômés amorçaient ainsi leurs insertions.
Les récentes limitations des recrutements du fait de la crise économique de 2008 ne favorisent plus l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi. En plus, la durée moyenne du chômage atteignant près de trois ans (32,3 mois) met ainsi à nue de grandes difficultés d’insertion, sans compter que le chômage de longue durée (attente de plus d’un an d’un emploi) touche en fait, 6 chômeurs sur 10
Ensuite, la poursuite des études augmentait la probabilité de s’insérer dans un emploi stable. Cependant, les récentes limitations des recrutements du fait de la crise économique de 2008 ne favorisent plus l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi. En plus, la durée moyenne du chômage atteignant près de trois ans (32,3 mois) met ainsi à nue de grandes difficultés d’insertion, sans compter que le chômage de longue durée (attente de plus d’un an d’un emploi) touche en fait, 6 chômeurs sur 10 (CAPOD, 2010).
En dépit des multiples actions initiées et mises en œuvre par les autorités béninoises pour faciliter l’intégration des jeunes au monde professionnel (les programmes de micro-crédits, la création en 2003 de l’Agence Nationale Pour l’Emploi, en 2007 du Fonds National de Promotion des Entreprises et de l’Emploi des Jeunes et mise en œuvre en 2011 du Projet de Promotion de l’Entrepreneuriat Agricole), le constat, bien amer encore aujourd’hui, montre à suffisance que des efforts impérieux restent encore à faire. Il s’avère donc nécessaire de s’interroger sur les facteurs gouvernant l’insertion des jeunes sur le marché du travail au Bénin afin de mettre en place des politiques adéquates pour changer la donne.
Pour ce faire, il s’est agi principalement dans le cadre du présent travail de recherche de trouver réponses aux questionnements suivants : Quels sont les facteurs socioéconomiques qui influencent l’insertion professionnelle des jeunes au Bénin ? Au regard de ces facteurs, quelles sont les combinaisons qui permettent de dresser le profil du jeune ayant le plus de chance d’être inséré sur le marché de l’emploi béninois ?
Analyse descriptive de la population
Notre population d’étude est majoritairement constituée d’hommes. En effet, la proportion de jeunes hommes (60,15%) est plus élevée que celle des jeunes femmes (39,85%). On constate que les jeunes ayant un emploi représentent près de 47% de notre population d’étude dont 33,21% en sont satisfaits. Aussi, des 52,97% de la population ne disposant pas d’emploi, 70,15% sont des chômeurs et 29,85% sont des inactifs.
On note une prédominance de la population masculine quelle que soit la situation d’emploi. En effet, les jeunes hommes représentent plus de la moitié des jeunes inactifs (61,78%), chômeurs (63,78%), des jeunes disposant d’un emploi non satisfaisant (55,21%) et de ceux qui en sont satisfait (57,36%).
La proportion des jeunes âgés de 15 à 19 ans passe sous la barre des 15% au sein des différentes classes caractérisant la possession d’un emploi. De plus, ces classes sont caractérisées par une forte présence des jeunes âgés de 25-29 ans (respectivement 53,02% et 58,77%).
La proportion des jeunes diminue lorsque le niveau d’instruction de ces derniers augmente qu’ils soient inactifs, chômeurs ou employés. Dans le même sens, même si environ 1 jeunes chômeurs sur 2 n’a aucun niveau d’instruction, il est important de noter que 20,65% de ces jeunes chômeurs ont au moins le niveau du secondaire, une proportion non négligeable par rapport à celle des jeunes disposants d’un emploi et ayant ce même niveau (9,95% et 17,77%).
Les individus en situation d’insertion sur le marché du travail sont majoritairement des jeunes femmes, sont mariés et âgés de 25 à 29 ans, qui après l’obtention de leur diplôme ont soit eu un travail salarié, soit essayé d’entreprendre ou encore suivi un apprentissage/stage/formation, et qui durant leurs études ont eu à travailler et à effectuer un stage. Ils vivent dans leur grande majorité en milieu urbain et sont les chefs de leur ménage
Les jeunes inactifs (64,15%) ont connu au moins une période de travail (Salarié, Indépendant ou Non Rémunéré) avant d’occuper leur statut actuel à la date de l’enquête. On note en effet que, près de 42% des jeunes inactifs au moment de l’enquête ont obtenu lors de leur première expérience sur le marché du travail, un emploi non rémunéré. Par ailleurs, lors de leur première expérience sur le marché du travail, les jeunes chômeurs ont pour la plupart soit obtenu un travail non rémunéré (soit 22,83%) soit entrepris (14,09%) ; notons néanmoins que 21,16% était en apprentissage, en stage ou ont suivis une formation. En ce qui concerne les jeunes pourvu d’un emploi, ils ont dans leurs grandes majorités connues à leurs début une période de travail indépendant ou non rémunérés (soit respectivement 74,89% pour les jeunes employés non satisfait et 66,68% pour les jeunes employés satisfait).
Les individus en situation d’insertion sur le marché du travail sont majoritairement des jeunes femmes, sont mariés et âgés de 25 à 29 ans, qui après l’obtention de leur diplôme ont soit eu un travail salarié, soit essayé d’entreprendre ou encore suivi un apprentissage/stage/formation, et qui durant leurs études ont eu à travailler et à effectuer un stage. Ils vivent dans leur grande majorité en milieu urbain et sont les chefs de leur ménage.
L’insertion de ces jeunes a duré entre 12 et moins de 24 mois pour la majeure partie et plus de deux ans pour d’autres. De plus, ils se distinguent par l’existence d’un salaire de réserve et le secondaire comme niveau d’éducation caractéristique. Les parents de ces jeunes, quant à eux, ont un niveau d’instruction supérieur ou égale au secondaire.
Discussions
L’analyse économétrique nous a permis de découvrir que les facteurs : mariage, milieu rural, sexe féminin, stage, travail pendant les études, salaire de réserve, les durées de recherche d’emploi supérieure à un an ainsi que les modalités chef de ménage, 20-24 ans, 25-29 ans, secondaire ou plus du niveau d’éducation de la mère, les premières expériences telles que le travail non rémunéré, le travail indépendant, le travail salarié, l’apprentissage/stage/formation influencent positivement la probabilité d’insertion. De plus, au sein des insérés le niveau d’éducation impacte négativement tandis que ce sont les jeunes sans niveau d’éducation dans notre base qui présentent de meilleures perspectives.
Conclusion
Nous suggérons aux pouvoirs publics d’accorder une place de choix au capital humain dans leurs politiques économiques de développement. En effet, le renforcement du système éducatif par la préparation des jeunes à l’auto-emploi et l’érection des stages en priorités tout au long des cycles de formation permettront aux jeunes d’avoir les compétences nécessaires pour obtenir plus facilement un emploi stable. Aussi, est-il indispensable pour l’Etat de promouvoir un climat économique favorable à la création d’emplois, en occurrence par le secteur privé.