Analyse de la situation des enfants du Bénin, UNICEF, 2017

Analyse de la situation des enfants du Bénin, UNICEF, 2017

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Auteur : UNICEF

Type de publication : Rapport

Date de publication : 2017

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VULNÉRABILITÉ DES ENFANTS AU BÉNIN ET SES DÉTERMINANTS STRUCTURELS

Pauvreté et vulnérabilité

Les analyses effectuées montrent que malgré les progrès réalisés, les enfants restent énormément affectés par de nombreuses privations de leurs droits essentiels (survie, le développement, l’éducation, la protection, etc.).

Ces privations n’affectent pas de la même façon tous les enfants. L’étude sur la pauvreté et les privations des enfants au Bénin (MODA 2016) a mis en exergue le fait que la pauvreté et la privation sont des phénomènes distincts qui témoignent de différents aspects de l’absence de bien-être et qui ne se chevauchent pas systématiquement. Ainsi, le nombre d’enfants victimes de privations est beaucoup plus important que celui des enfants pauvres.

Selon l’approche par les privations, plus de six enfants sur dix (64,5%) cumulent au moins 3 privations dans les domaines des services de base comme l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement, la nutrition, la protection des enfants, etc. En revanche, 43,4% des enfants vivent dans des ménages qui souffrent de la pauvreté monétaire. L’analyse des privations des droits essentiels des enfants met en évidence l’existence des disparités entre départements.

Les enfants vivant dans les départements de l’Alibori (88,5%), de la Donga (75, 1%) et du Borgou (75,1%) sont les plus vulnérables. Le degré et l’intensité des privations des enfants dans les domaines clefs de leur bien-être sont déterminés par le niveau de pauvreté monétaire, le milieu de vie (urbain/rural et département), le genre, le niveau d’éducation du chef de ménage et notamment celui la mère.

Dans le domaine de la survie, la lenteur des progrès est expliquée par le niveau élevé de la charge de la mortalité et de la morbidité chez les populations défavorisées, notamment celles qui habitent en milieu rural et dans les départements où le taux de pauvreté est élevé.

Les taux de mortalité néonatale, post-néonatale, infantile, juvénile et infanto-juvénile sont systématiquement plus élevés chez les enfants vivant en milieu rural (40, 33, 72 et 68 et 128 pour 1000 naissances vivantes) que chez ceux du milieu urbain (35, 24, 59, 42 et 99 pour 1000 naissances vivantes).

Ils sont aussi plus élevés dans les ménages du quintile le plus pauvre (deux fois plus élevés que dans les ménages du quintile le plus riche) et dans départements classés comme très pauvres comme le Zou (84 pour mille naissances), les Collines (82 pour mille naissances) et le Couffo (73 pour mille naissances).

Les enfants vivant dans les départements de l’Alibori (88,5%), de la Donga (75, 1%) et du Borgou (75,1%) sont les plus vulnérables. Le degré et l’intensité des privations des enfants dans les domaines clefs de leur bien-être sont déterminés par le niveau de pauvreté monétaire, le milieu de vie (urbain/rural et département), le genre, le niveau d’éducation du chef de ménage et notamment celui la mère

La malnutrition suit à peu près le même schéma. L’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de 5 ans est deux fois plus élevée dans les ménages pauvres (26%) que dans les ménages riches (10%). Dans le domaine de l’éducation, la privation de l’école est expliquée tant par le facteur pauvreté monétaire et par la pression qu’exerce la croissance démographique rapide sur les infrastructures disponibles. La privation en éducation est beaucoup plus fréquente chez les enfants qui vivent dans les départements pauvres comme l’Alibori (le taux d’accès y atteint 77% et l’achèvement 42%) et le Couffo (le taux d’accès y atteint 89% et l’achèvement 58%).

Pour l’Alibori, plus de la moitié des filles sont mariées avant d’avoir atteint l’âge de 18 ans Les progrès importants enregistrés dans l’accès à l’éducation des filles et concernant le mariage des enfants ne doivent pas occulter l’existence d’inégalités genre.

Ainsi, bien qu’au niveau du primaire, les inégalités d’accès entre filles et garçons soient faibles (indexe de parité par sexe de 0.98), la proportion de filles hors de l’école (qui ne fréquentent ni l’enseignement primaire ni le préscolaire) est plus élevée que celle des garçons (27,1% contre 22,8%). L’écart entre les sexes se creuse au niveau du secondaire au détriment des filles, surtout en milieu rural et dans les départements du Nord.

Parmi les enfants d’âge scolaire secondaire ou supérieur, 44,8% des filles sont non scolarisées contre 31,2% des garçons. Cette situation est expliquée par la persistance des normes sociales qui favorisent le travail et le mariage des enfants. Gouvernance et efficacité des politiques publiques La qualité de la gouvernance constitue un facteur déterminant de l’efficacité des politiques publiques et de la lutte contre la pauvreté, les inégalités et la vulnérabilité de la population.

De bons résultats nécessitent l’utilisation adéquate d’outils comme la planification stratégique, des mécanismes d’allocation des ressources efficaces, un système acceptable de reddition des comptes et un partenariat stratégique.

En effet, la distribution des ressources financières n’a pas tenu compte des besoins des départements ainsi que des niveaux différenciés des systèmes éducatif et sanitaire. A cela s’ajoute la répartition inadéquate des ressources humaines.

Cette situation témoigne d’un certain laisser faire des décideurs chargés de la gestion des ressources humaines qui n’ont pas la pression d’un mécanisme de reddition des comptes effectif. Dans le secteur de l’éducation, la faiblesse de la gouvernance se traduit par une allocation déséquilibrée des ressources.

Les données du ministère de l’éducation de 2015 indiquent que 63,4% des écoles manquaient d’enseignant.e.s alors que 36% disposaient de plus d’enseignant.e.s que nécessitaient les effectifs des élèves présents. En résultat, 25% des écoles du Bénin n’étaient pas en mesure d’offrir les 6 niveaux requis de l’enseignement primaire.

Le ratio enfant par maitre dans les départements considérés comme pauvres dépasse largement la moyenne nationale : il atteint 61,9 dans le département de la Donga, 94,8 dans l’Alibori et 67,1 dans les Collines.