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Auteurs : Jean Bosco K. Vodounou et Yvette Onibon Doubogan
Date de publication : 2016
Type de publication : Article
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Les conditions de production agricole sont rendues de plus en plus difficiles par les aléas climatiques. Actuellement, les changements climatiques sont au centre des préoccupations aussi bien des acteurs scientifiques que des décideurs politiques au niveau mondial car ils constituent un des nombreux obstacles au développement humain. Les variabilités climatiques ont un impact direct sur la production agricole, puisque les systèmes agricoles dépendent en partie de la nature du climat. Cet impact est particulièrement important dans les pays en développement où l’agriculture est à 100 % pluviale sans aucune alternative d’irrigation et constitue la principale source d’emplois et de revenus pour la majorité de la population. Le construit social et les contraintes économiques qui sont à la base des inégalités d’accès aux ressources de production sont renforcées par la modification du climat.
Les variabilités climatiques ont un impact direct sur la production agricole, puisque les systèmes agricoles dépendent en partie de la nature du climat
Le Bénin, pays côtier, n’échappe pas à ces changements climatiques et à leurs effets socio-environnementaux. Cette évolution du climat est préjudiciable à l’économie du pays qui repose essentiellement sur l’agriculture. Les variabilités climatiques et leurs conséquences socio-environnementales sont encore plus perceptibles à l’échelle locale. Le faible rendement agricole dépend à la fois du système climatique complexe du continent africain et de l’interaction de ce système avec les défis socio-politiques comme la gouvernance et ceux socio-économiques tels que la pauvreté endémique, l’accès limité aux marchés des capitaux et aux marchés mondiaux d’écoulement des produits, la dégradation de l’écosystème, les catastrophes et conflits complexes ainsi que l’urbanisation qui pourraient miner la capacité des communautés à s’adapter aux changements climatiques.
Il y a 50 ans, le début de la saison s’annonçait vers fin mars et tout le mois d’avril. Cette période correspond aux dates de semis des premières cultures. Elle était stricte et non extensible. En effet, à partir du mois de mai les premières récoltes apparaissent et les semis de la saison suivante se préparent. Mais aujourd’hui, le constat est que cette période de début de saison est étendue sur 4 mois. Pendant cette période large de début de saison, il est évident que toutes les cultures ne peuvent plus se semer ou que les variétés traditionnelles qui ont un cycle végétatif plus long ne peuvent plus prospérer.
Dans les systèmes traditionnellement les plus intensifs, dans certaines zones du Borgou et de l’Alibori, 100 % des agriculteurs parvenaient à réaliser deux récoltes par an. Désormais, du fait du raccourcissement de la saison des pluies et du retard d’implantation de la première culture, ils ne parviennent le plus souvent qu’à en faire une. Dans d’autres zones (Malanville), on passe parfois de deux à une récolte de riz par an. Ce changement subi dans un premier temps par les producteurs est devenu un choix stratégique d’adaptation plus souvent appliqué.
Les principales zones de production agricole souffrent du glissement des saisons avec des pluies tardives et de courte durée
Le changement climatique est une réalité au Bénin. Les principales zones de production agricole souffrent du glissement des saisons avec des pluies tardives et de courte durée. Cette situation affecte la production agricole et la sécurité alimentaire des ménages en termes de faible rendement et d’insuffisance de vivriers. Pour y faire face, diverses stratégies sont développées allant de l’adaptation des techniques culturales, la culture extensive au développement de nouvelles activités. Certains acteurs agricoles sont poussés à l’exode vers les centres urbains et les pays voisins.
Les effets du changement climatique sur l’extension de l’agriculture aggravent les inégalités d’accès aux facteurs de production et fragilisent la production agricole. Celle-ci contribue pour une part importante à la sécurité alimentaire ; or, sans une production suffisante et de qualité les populations sont exposées à toutes les difficultés. Il a été observé que les changements climatiques ont des conséquences non seulement sur l’environnement mais aussi comme sur les hommes.