Dans le cadre de l’initiative sur l’élection présidentielle au Bénin, WATHI est allé à la rencontre de Ernest Tindo, initiateur du projet « Ma voix compte ». Dans cet entretien, il aborde la question de l’intérêt des jeunes pour la présidentielle à venir.
Quelles sont les attentes de la jeunesse béninoise dans cette élection présidentielle ?
La jeunesse béninoise est aujourd’hui suffisamment aguerrie et observe avec intérêt les mutations en cours dans notre pays. Le scrutin présidentiel d’avril 2021 est sans nul doute un virage important pour notre destinée commune et la jeunesse espère qu’il se déroulera dans un climat de paix et de ferveur populaire comme cela a toujours été le cas dans notre pays par le passé. Cela va de l’intérêt du développement durable du Bénin. Et à ce rendez-vous où l’avenir du pays se décide, la jeunesse devra jouer sa partition pour mettre l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut afin de ne pas hypothéquer son avenir.
Les Béninois doivent savoir que le vote est un devoir citoyen et il est préférable d’exprimer sa position dans les urnes afin de peser dans la balance pour les choix engageant l’avenir du pays. Si vous n’êtes pour aucun candidat, allez l’exprimer dans les urnes.
Le droit de vote est un droit historique qui a été obtenu après de hautes luttes par plusieurs peuples. Il n’est pas conseillé de s’amuser avec ce droit ou de ne pas en user au risque de subir.
Les Béninois doivent savoir que le vote est un devoir citoyen et il est préférable d’exprimer sa position dans les urnes afin de peser dans la balance pour les choix engageant l’avenir du pays. Si vous n’êtes pour aucun candidat, allez l’exprimer dans les urnes.
Ce n’est pas parce que les politiciens tiennent un dialogue de sourds que nous allons nous laisser faire. Il ne faut pas baisser les bras. Les hommes passent, le pays est éternel. Comme le dit Frantz Fanon, « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir.» Nous ne devons pas trahir le Bénin.
Nous sommes convaincus que nous pouvons atteindre 75% comme taux de participation à cette élection parce qu’il s’agit d’un rendez-vous qui ne devrait laisser personne indifférent. En tant que citoyen, notre devoir est d’exprimer notre voix pour approuver ou non le choix de l’un ou l’autre des candidats en lice.
Le bulletin nul également permet d’exprimer clairement son désaccord vis-à-vis de tous les candidats si tant est qu’on ne se retrouve pas dans les projets de société en compétition. Le Bénin a toujours émerveillé le monde entier et peut encore le faire pour la présidentielle de 2021.
Vous êtes le président du réseau des organisations de jeunesse pour le développement local et la coopération décentralisée. Est-ce que les jeunes en milieu rural se sentent concernés par cette élection à venir?
C’est la politique qui régule tout y compris l’économie rurale, le développement local, la politique agricole. La politique de développement, les orientations stratégiques, l’imposition fiscale et bien d’autres décisions relèvent directement des choix du premier responsable de la Nation.
La vie de ces jeunes sera impactée par les décisions et options de la politique générale de l’Etat qui n’est rien d’autre que la mise en œuvre de la vision et du projet de société du candidat élu président de la République. Tout citoyen est impacté où qu’il se trouve sur le territoire national et même au niveau de la diaspora.
Le président de la République lorsqu’il est élu, n’est pas le président de ses partisans mais de tous les Béninois. Les choix qu’il opère impactent la population dans son ensemble, que l’on soit dans une grande ville ou aux confins du pays. Le choix de ce président qui aura la destinée du pays entre ses mains pendant les 5 prochaines années doit donc préoccuper chaque citoyen où qu’il se trouve.
Quelle est la place des réseaux sociaux dans le débat démocratique ?
Nous sommes aujourd’hui à une ère où les réseaux sociaux occupent une place de choix dans toute stratégie de communication. Selon le rapport 2021 de « WeAreSocial et Hootsuite », en janvier 2021, le Bénin compte 1,60 millions d’utilisateurs de médias sociaux soit l’équivalent de 13% de la population béninoise. Selon les experts, les utilisateurs de WhatsApp sont 30 à 50% supérieurs à ceux de Facebook. La jeunesse béninoise a tout intérêt pour son avenir d’être un acteur de ce grand rendez-vous que constitue l’élection présidentielle d’avril 2021.
Vous portez l’initiative « Ma voix compte », quel est l’objectif de ce projet dans le contexte de l’élection présidentielle du 11 avril ?
L’initiative du projet « Ma Voix compte » est née d’une part de l’observation de la régression du taux de participation aux dernières élections législatives de 2019 et communales de 2020 et d’autre part à l’examen des incidents malheureux enregistrés pendant les législatives de 2019.
Le désintérêt pourrait s’expliquer par la dégradation de la conscience électorale, le désintéressement de la chose politique et la résignation de la population
En effet, les législatives de 2019 ont enregistré un taux de participation de 27,12% contre 66% en 2015 tandis que les élections communales de 2020 ont affiché un taux de participation de 49,14% contre 56,95% pour les communales de 2015. Des troubles, des destructions de biens publics et privés, des blessés et même des morts ont été enregistrés en marge du déroulement des législatives de 2019.
Ces chiffres laissent transparaître un désintérêt pour le devoir civique qu’est le vote tandis que les violences observées aux élections législatives dernières sont la conséquence des atteintes portées à la libre expression du droit de vote qui est incontestablement un droit constitutionnel, individuel et personnel pour chaque citoyen. Le désintérêt pourrait s’expliquer par la dégradation de la conscience électorale, le désintéressement de la chose politique et la résignation de la population. Quant aux atteintes à la libre expression du droit de vote, cela s’explique par les intimidations, les menaces, les violences physiques exercées contre certains citoyens, le discours clivant de certains acteurs politiques et la confusion du droit de vote à un droit collectif.
Nous voulons donc travailler à élever le niveau de conscience électorale des citoyens en âge de voter surtout, à responsabiliser les acteurs politiques en cette période sensible et à l’observation civile du scrutin.
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