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Site de publication : Ministère d’État chargé du plan et du développement
Date de publication : 2018
Type de publication : Rapport
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Environnement et changement climatique : gouvernance peu satisfaisante
Le Bénin est confronté à la dégradation de son environnement qui reste un problème récurrent. Cette situation est caractéristique du non-respect des lois, normes et standards auxquels il faut apporter une réponse adaptée. Cette dégradation s’accentue dans un contexte où les changements climatiques deviennent un phénomène global qui affecte sans doute les modes de vie des sociétés à des niveaux et formes divers.
Les projections indiquent, entre autres,
- une élévation continue du niveau de la mer pouvant atteindre environ 0,81 m à l’horizon 2100 avec pour effets directs des inondations côtières et l’intrusion d’eaux salines dans les cours et nappes d’eau. Ce qui pourrait affecter les établissements humains, la santé, les activités de pêche ;
- une diminution probable des écoulements des eaux de surface à l’horizon 2050 sur l’ensemble du bassin du fleuve Ouémé dans un scénario de diminution de pluies dans le nord du pays ;
- un décalage des périodes de crue dans la portion béninoise du bassin du Niger, consécutive à une baisse sensible du régime pluviométrique à l’échelle saisonnière ;
- une baisse des rendements du maïs dans certaines zones agro-écologiques ;
- une baisse de la productivité des ressources halieutiques pouvant induire une baisse des prises et une raréfaction des denrées halieutiques au plan national.
Une diminution des précipitations de mars à mai est à prévoir, ce qui est synonyme d’accroissement de la durée de la saison sèche
Le Bénin, à l’instar d’autres pays de l’Afrique, n’échappe pas aux effets des changements climatiques. En effet, il a été observé une augmentation de la température moyenne annuelle de 1,1˚C depuis 1960, avec un taux d’augmentation de 0,24˚C par décennie. Il faut noter que cette moyenne nationale cache bien des disparités zonales dans le pays. En outre, de récentes études prédisent qu’à l’horizon 2050, les modèles prévoient une augmentation de l’ordre de 0.5°C pour le scénario le moins pessimiste, à 3°C pour le scénario le plus pessimiste.
Si la pluviométrie annuelle reste stable au Sud, le Nord pourrait bénéficier d’un accroissement des pluies périodiques compris entre 3,3 et 3,8 %. Une concentration des pluies est également à envisager. À l’échelle saisonnière, une diminution des précipitations de mars à mai est à prévoir, ce qui est synonyme d’accroissement de la durée de la saison sèche.
L’évaluation de l’état de dégradation des terres présente une situation très préoccupante au niveau national. En effet, il est estimé qu’environ 2,2 millions d’hectares de terres, soit 19% du territoire national, se sont dégradés (Note Politique NDT, 2017). Cela correspond à un taux de dégradation de 220 000 hectares par an, résultant de :
- L’érosion qui représentait en 2005 une perte annuelle de plus de 49 millions de tonnes de sols, tous les départements étant touchés, soit 13,7 millions de tonnes pour le Zou et les Collines ; 10 millions de tonnes pour le Mono et le Couffo ; 9,4 millions de tonnes pour l’Ouémé et le Plateau; 6,7 millions de tonnes pour le Borgou et l’Alibori ; 5,4 millions de tonnes pour l’Atlantique et 4 millions de tonnes pour le Littoral (Stratégie de développement à faible intensité de carbone et résilient aux changements climatiques du Bénin, 2016 –2025) ;
- Une dynamique négative de changement d’occupation des terres qui se traduit par la conversion massive des forêts, des savanes naturelles et des zones humides en terres de culture et en zones urbaines. Les superficies des forêts et des savanes au Bénin ont régressé respectivement de 21 % et de 15 %, correspondant à une perte totale d’environ 1,5 millions ha des superficies de ces deux formations végétales, notamment au profit des terres agricoles et des habitations.
Gestion difficile des déchets : insalubrité urbaine grandissante et pollution de toute nature posant des problèmes de santé publique
Dans le cadre de la décentralisation au Bénin, les mairies se sont vues attribuer la responsabilité de la gestion des déchets, notamment « la collecte et le traitement des déchets solides autres que les déchets industriels et la collecte et le traitement des déchets liquides » (article 93 de la Loi 97-29 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin). Pourtant, la plupart d’entre elles ne disposent ni de l’expertise ni des moyens nécessaires pour s’acquitter de ces nouvelles responsabilités.
Aussi note-t-on une implication des acteurs gouvernementaux dans le secteur de l’assainissement et de la gestion des déchets solides. L’appui technique et l’encadrement escomptés ne sont pas perceptibles sur le terrain et on note une absence de décharge municipale aménagée.
Dans ce paysage, les femmes jouent un rôle primordial et constituent un maillon fort du dispositif. Elles sont actives à trois niveaux :
- aspect environnemental : en les récupérant, les femmes sauvent quotidiennement environ 7 tonnes de déchets des chemins de l’enfouissement ;
- aspect économique : les femmes gagnent leur vie en gérant une micro-entreprise ;
- aspect social : les femmes contribuent à l’éducation pour une hygiène publique adéquate, mais aussi et surtout à la mise en œuvre de la politique de santé publique pour un cadre de vie sain.
Face à la multitude d’entreprises informelles, il est difficile d’évaluer de manière qualitative et quantitative le volume de déchets produits quotidiennement par le secteur privé au Bénin.
Malgré les connaissances en la matière et l’adhésion du Bénin à de nombreuses conventions internationales y relatives, la gestion des déchets industriels ou dangereux, notamment leur prévention et leur réduction, reste au niveau des intentions. Elle requiert une organisation de la filière, une formation des agents impliqués, une volonté politique affichée des décideurs au plus haut niveau et un programme d’activités bien établi et mieux financé.
Pourtant, selon les dispositions internationales et la Loi-cadre sur l’environnement, les déchets dangereux ne peuvent être traités en vue de leur élimination ou valorisation que dans des installations autorisées par les ministres chargés de l’Environnement et de la Santé. Les établissements et entreprises qui produisent, détiennent, transportent ou gèrent des déchets dangereux sont tenus de communiquer périodiquement au ministère chargé de l’Environnement toutes les informations sur les déchets qu’ils produisent, exportent ou gèrent, sur leurs origines, leurs quantités, leurs caractéristiques, leurs destinations et le mode de leur gestion.