Les Wathinotes sont des extraits de publications choisies par WATHI et conformes aux documents originaux. Les rapports utilisés pour l’élaboration des Wathinotes sont sélectionnés par WATHI compte tenu de leur pertinence par rapport au contexte du pays. Toutes les Wathinotes renvoient aux publications originales et intégrales qui ne sont pas hébergées par le site de WATHI, et sont destinées à promouvoir la lecture de ces documents, fruit du travail de recherche d’universitaires et d’experts.
Auteur : Ibrahim Falola
Site de publication : Association Africaine des Entrepreneurs
Type de publication : Article
Date de publication : Avril 2023
Introduction
Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) sont vitales aux économies sans distinction de pays. Elles constituent l’un des piliers du Programme de Développement durable 2030 des Nations Unies. En effet, selon un rapport indépendant produit par Raniya Sobir intitulé Micro : les petites et moyennes entreprises et leurs rôles dans l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations Unies (année), il existe des liens directs et indirects entre les PME et les 17 objectifs de développement durables. Au Bénin, leur contribution est reconnue dans les documents de politiques nationales de développement. Entre autres, l’on peut citer le Plan National de Développement 2018-2025. Ainsi, sous l’impulsion du gouvernement, les partenaires au développement et les acteurs du secteur privé, des initiatives foisonnent pour renforcer l’entrepreneuriat.
Depuis l’accession de son excellence M. Patrice TALON à la magistrature suprême en avril 2016, le Bénin a entrepris plusieurs réformes pour améliorer l’environnement des affaires et accroître ses investissements. Ces réformes sont en phase avec la politique de développement du gouvernement béninois telle que définie dans le Document de Stratégie pour la croissance et la réduction de la Pauvreté (DSCRP). Quelles sont les types de réformes entreprises pour promouvoir les PME au Bénin et quels sont les atouts, opportunités et contraintes liées à la compétitivité de ces PME au Bénin ? L’objectif de l’article est de faire l’état des lieux des réformes entreprises par le gouvernement béninois dans le domaine de la promotion des PME, de relever les atouts et d’analyser les contraintes. Cet article a été rédigé suivant une approche méthodologique combinant à la fois la revue documentaire, les données statistiques primaires et secondaires, l’interview aux acteurs principaux et les opinions d’autres personnes ressources influentes au plan national et international au sujet de l’entrepreneuriat.
1.Des réformes impactantes
Deux réformes principales ont permis de créer des conditions favorables à l’entrepreneuriat : le nouveau code des investissements et la loi de promotion des micros, petites et moyennes entreprises. Le nouveau code des investissements fixe les conditions, les avantages et les règles générales applicables aux investissements directs, nationaux et étrangers, réalisés au Bénin. La loi de promotion des micros, petites et moyennes entreprises vise, quant à elle, à créer un cadre juridique, institutionnel et financier propice au développement de l’entrepreneuriat au Bénin et établir un régime spécifique des aides de l’État en faveur des entreprises pour tenir compte de leur spécificité et de leur vulnérabilité face à la concurrence régionale et internationale.
Impacts des réformes sur le secteur des MPE au Bénin
Ces réformes permettent de renforcer l’esprit de créativité, la culture d’entreprise, l’initiative privée, la fluidité de la procédure de création d’entreprise, le gain de temps ainsi que la réduction des coûts et du capital requis. Au Bénin, la création d’une entreprise se fait 100% en ligne. Selon un article publié sur le site de la CNUCED le 30 novembre 2020 et signé par l’économiste Ian Richards, le Bénin est devenu le pays où la création d’entreprise est la plus rapide au monde. L’application du nouveau code des investissements a induit la suppression de la déclaration d’existence qui met fin à l’obligation de se rendre au service des impôts pour préciser le siège de la nouvelle entreprise créée, la délivrance automatique du numéro employeur et la suppression de l’exigence de l’attestation de mariage pour les femmes lors de l’établissement de leurs pièces d’identité nationale.
« Ces réformes permettent de renforcer l’esprit de créativité, la culture d’entreprise, l’initiative privée, la fluidité de la procédure de création d’entreprise. »
« Grâce à ces réformes, le nombre d’entreprises créées au Bénin est passé de 13 000 en 2015 à 40 000 en 2020 soit un accroissement de 32,5% enregistré en cinq ans’ a déclaré Laurent Gangbes, Directeur de l’Agence pour la promotion des importations et des exportations (APIEX) au Bénin lorsqu’il évoquait en 2021 l’impact des innovations introduites par l’Etat béninois pour développer son économie. A cet impact s’ajoutent la réduction de la corruption au sein de l’administration publique grâce à la dématérialisation des services essentiels, une saine compétitivité dans l’écosystème entrepreneurial, le renforcement des capacités d’investissement, l’augmentation significative du nombre d’entreprises créées par les jeunes, etc. Par ailleurs, le gouvernement béninois met en place les infrastructures adéquates et accompagne le renforcement des capacités productives et commerciales des PME locales.
2. Des succès à pérenniser
La mise en place de la zone industrielle de Glo-Djigbé
L’une des initiatives clés mises en place par le gouvernement béninois est la zone industrielle de Glo-Djigbé située à 45 km à l’Ouest de Cotonou et dédiée à la transformation locale de produits agricoles tels que le coton, les noix de cajou, l’ananas, les noix de karité et le soja, etc. Fruit du partenariat public-privé entre le Bénin et la société ARISE Integrated Industrial Platforms, cette zone industrielle installée sur 1600 hectares est un gros employeur et un catalyseur pour l’entrepreneuriat des jeunes béninois. Elle promeut l’exportation de produits finis et la transformation des ressources. Plus d’une trentaine d’entreprises intervenant dans les secteurs du textile, les motos électriques, l’industrie pharmaceutique, etc. y sont déjà opérationnelles et emploient des milliers de jeunes.
Le projet de renforcement des capacités productives et commerciales (PRPC)
Outre la GDIZ, le Projet de renforcement des capacités productives et commerciales (PRPC) est l’un des projets phares de cette approche financé par le Cadre Intégré Renforcé de l’OMC (70,78 %) et l’Etat béninois (29,22%) pour un montant de 4.237.089 USD. Le projet a permis de renforcer le développement de l’offre compétitive des entreprises béninoises, la conformité des produits des entreprises aux normes nationales et internationales et le développement des services d’appui à l’industrie.
« Au lieu d’exporter des noix brutes dans d’autres pays pour y créer du travail, nous créons ce travail dans notre propre pays. »
De 2015 à 2019, ce projet a pris en compte 31 entreprises pilotes de cinq branches d’activités prometteuses notamment les filières ananas, anacarde et karité, la confection textile et la pisciculture. Au total, 242 entrepreneurs dont 34% de femmes en ont bénéficié. ‘ Le soutien du projet PRCPC m’a aidé à concrétiser mon aspiration de long terme à produire au niveau industriel en termes de qualité et de quantité’ s’est réjoui un couturier bénéficiaire du projet. Les entreprises pilotes identifiées ont bénéficié d’une formation dans l’organisation, les méthodes de gestion et des outils de production, mise en conformité de leurs produits aux normes requises. ‘ (…) Depuis qu’on m’a appris le test KOR2, je sais qu’il faut passer un test pour connaître la qualité de cette noix. Au lieu d’exporter des noix brutes dans d’autres pays pour y créer du travail, nous créons ce travail dans notre propre pays’ a déclaré un membre du Groupement Zanclan. Malgré ces efforts louables, il subsiste des contraintes à lever pour booster l’entrepreneuriat béninois.
3. Des contraintes à aplanir
Déficit de formation et de source de financement
« L’une des contraintes limitant la capacité entrepreneuriale des jeunes béninois est le manque de formation. »
Selon une étude réalisée par l’Observatoire de création des sociétés au Bénin réalisée en décembre 2021, le taux de survie des nouvelles entreprises est de 20%. L’une des contraintes limitant la capacité entrepreneuriale des jeunes béninois est le manque de formation. Pourtant, cette formation des entrepreneurs est importante dans la création des entreprises. Boubakari Abdouraman (2020) précise à cet effet que le fait que les jeunes aient suivi des formations spécifiques à l’entrepreneuriat est un déterminant significatif dans la création d’entreprise. Les formations et les sensibilisations à l’entrepreneuriat modifient non seulement leurs intentions au travers de la désirabilité mais aussi leur faisabilité entrepreneuriale. Bien que cette difficulté se résolve progressivement, la question de l’accès des jeunes entrepreneurs aux financements demeure problématique. De nombreux projets entrepreneuriaux échouent au bout d’une période de cinq ans en raison du manque d’accompagnement financier et managérial selon M. Abdouraman.
Le manque de visibilité des entreprises béninoises
De même, la médiatisation constitue également un casse-tête pour les jeunes entrepreneurs béninois. La clientèle étant présente sur Internet et les réseaux sociaux, le succès de tout commerce viable passe par une stratégie marketing digitale dynamique. “Si votre entreprise n’est pas sur Internet, votre entreprise sera en faillite” avait prévenu l’homme d’affaires Américain Bill Gates. L’écosystème des services numériques au Bénin est resté très pauvre malgré l’émergence de startups ces dernières années. Ceci laisse les utilisateurs béninois dans une position de consommateurs de services majoritairement externes et contribue au maintien de tarifs élevés et à un manque de visibilité du contenu local sur internet.
Conclusion
Grâce aux réformes introduites par le gouvernement actuel, le Bénin améliore de manière significative l’environnement des affaires. Cependant, il y a encore de gros défis à relever et ce pays gagnerait à y faire face résolument surtout dans le domaine de la promotion des PME qui emploient une importante part de la population active afin de bâtir une économie prospère.