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Auteur : Groupe de la Banque africaine de développement (BAD)
Site de publication : Groupe de la Banque Africaine de Développement
Type de publication : Article
Date de publication : Avril 2023
Développements macroéconomiques récents
« L’économie béninoise a été résiliente face aux effets des crises récentes – COVID-19, invasion de l’Ukraine par la Russie et situation sécuritaire au nord du pays. »
L’économie béninoise a été résiliente face aux effets des crises récentes – COVID-19, invasion de l’Ukraine par la Russie et situation sécuritaire au nord du pays. Malgré ces chocs, la croissance du PIB réel a été soutenue en 2022 – 6 % – après une performance remarquable de 7,2 % en 2021, portée par les trois secteurs d’activité (primaire, secondaire et tertiaire). Sous l’effet de la hausse des prix des produits de première nécessité, l’inflation a augmenté à 2,5 % en 2022, contre 1,7 % en 2021. Avec une politique de desserrement budgétaire, le déficit budgétaire est resté élevé, à 5,5 % du PIB en 2022 contre 5,7 % en 2021. L’encours de la dette a augmenté de 2,5 points du PIB pour s’établir à 52,8 % du PIB en 2022, contre 50,3 % du PIB en 2021. Le risque de surendettement global a été jugé modéré par le FMI et la Banque mondiale en décembre 2022. Le déficit du compte courant s’est également aggravé légèrement à 4,9 % du PIB en 2022, contre 4,1 % en 2021, les importations augmentant plus rapidement que les exportations. La profondeur du secteur financier reste encore globalement faible, le crédit bancaire au secteur privé ne représentant que 15,2 % du PIB en 2022. En termes de risques de vulnérabilité, le taux de crédit en souffrance s’est amélioré à 12,6 % du total des prêts à fin décembre 2021, contre 16,8 % à fin décembre 2020. L’un des risques du secteur est la forte concentration à plus de 70 % du crédit sur les 5 plus gros emprunteurs en 2021, contre 64,6 % en 2020. La pauvreté a touché 38,5 % de la population en 2019 avec un phénomène de sous-emploi important pour 72,9 % de la population. Les programmes de protection sociale (assurance maladie, assurance retraite), indispensables pour renforcer l’inclusion sociale, sont encore en gestation.
Perspectives et risques
Les perspectives économiques du Bénin sont favorables. La croissance devrait rester soutenue, 6,2 % en 2023 puis 6 % en 2024, grâce au dynamisme des secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Les principaux risques qui menacent l’économie sont les fluctuations défavorables des cours mondiaux du coton et du pétrole et les effets négatifs du changement climatique. Par ailleurs, une évolution défavorable de la situation économique du Nigeria et une aggravation de la situation sécuritaire au nord du pays pourraient compromettre les perspectives économiques. En 2023, les cours des produits pétroliers devraient se stabiliser sur le marché international, ce qui devrait contribuer à la maîtrise de l’inflation à 2,8 % en moyenne en 2023, puis à 2,3 % en 2024. La politique budgétaire devrait bénéficier des effets positifs du programme en cours du Fonds monétaire international (FMI) portant sur un financement de 638 millions USD. Le déficit budgétaire devrait baisser légèrement à 4,5 % du PIB en 2023, puis à 4,1 % en 2024. Avec le repli des prix des matières premières (produits alimentaires), un fléchissement du déficit du compte courant à 4 % du PIB est attendu en 2023, puis à 3,8 % en 2024.
Changement climatique et options de politiques publiques
« Le financement climatique privé reste encore quasi inexistant au Bénin. »
Pour répondre aux effets du changement climatique, les besoins de financement cumulés en 2022 étaient estimés par la BAD à 13 750 millions USD sur la période 2020–2030, soit 1 250 millions USD en moyenne par an. Sur la période 2010– 2020, le Bénin a reçu environ 2 300 millions USD, laissant présager un déficit de financement important pour les prochaines années – au moins 910 millions USD par an –, en supposant que le pays continue de recevoir le même montant annuel. Le financement climatique privé reste encore quasi inexistant au Bénin. Sur la période 2019–2020, le montant de la finance climatique au Bénin s’élevait à 360 millions USD, porté à 98,6 % par le secteur public et seulement 1,4 % par le secteur privé selon le Climate Policy Initiative (CPI). Pour accélérer la participation du secteur privé au financement climatique, les pouvoirs publics devraient créer une banque d’investissement verte qui servira d’accélérateur de financement privé pour le climat (émission d’obligations vertes, fourniture de la dette aux PME et aux startups). Par ailleurs, pour atteindre une croissance verte basée sur l’industrialisation verte, le Bénin pourrait aussi tirer davantage parti de son capital naturel avec sa façade maritime de près de 121 km et un plateau continental de 3 100 km² de lagunes, de lacs saumâtres et d’un réseau hydrographique de 700 km de cours d’eau. Le pays détient également des stocks importants de minéraux, insuffisamment exploités (or, matériaux de construction, fer, phosphates, nickel, zircon).