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Auteur : Ministère de l’économie et des finances, République du Bénin
Organisation affiliée : République du Bénin
Site de publication : https://budgetbenin.bj/
Type de publication : Rapport
Date de publication : Octobre 2021
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Retour sur les performances économiques de 2020
L’année 2020 a été principalement marquée par la double crise sanitaire et économique, résultant de la pandémie de la COVID-19, qui a mis en berne l’économie mondiale. En effet, pour faire face à la pandémie de COVID-19 et ralentir sa progression, les pays ont adopté plusieurs mesures barrières, allant du confinement général à la fermeture des frontières. Ces différentes mesures ont pesé sur la machine productive mondiale et perturbé le commerce international. Ainsi, la pandémie du coronavirus (COVID-19) et les mesures d’arrêt de l’activité prises pour la contrôler, ont produit un choc massif et brutal, plongeant l’économie mondiale dans une grave récession. Selon le FMI, la croissance mondiale est ressortie négative en 2020 à -3,2%2 contre une prévision précovid-19 de +3,3%3 .
Au plan national, la dynamique de croissance amorcée par l’économie depuis 2016 a ainsi ralenti en 2020. Pour une prévision initiale avant COVID-19 de 7,6%, la croissance économique a été estimée à 3,8% après des estimations de 6,9% et 6,7% respectivement pour 2019 et 2018.
Ce niveau de croissance, la troisième meilleure en Afrique subsaharienne et la meilleure de la CEDEAO, s’expliquerait principalement par la stratégie innovante de gestion de la pandémie, d’une part, et par la reprise rapide de l’activité économique au second semestre de 2020, d’autre part.
Au niveau du secteur primaire, la valeur ajoutée s’est accrue de 1,8% contre 5,2% en 2019 et 7,3% en 2018. S’agissant spécifiquement du coton, l’amélioration de l’organisation de la filière et le maintien du prix d’achat aux producteurs du kilogramme de coton graine malgré la baisse du cours à l’international, ont permis d’obtenir une production qui s’afficherait à 731 074,04 tonnes pour la campagne 2020/2021 selon l’Association Interprofessionnelle du Coton (AIC), soit une hausse de 2,3% et plaçant le Bénin, pour la troisième année consécutive, au rang de premier producteur africain de coton. En somme, la contribution à la croissance du secteur primaire ressortirait à 0,4% en 2020.
Pour une prévision initiale avant COVID-19 de 7,6%, la croissance économique a été estimée à 3,8% après des estimations de 6,9% et 6,7% respectivement pour 2019 et 2018
Dans le secteur secondaire, l’activité a ralenti en enregistrant une progression de 5,2% en 2020 contre 13,6% en 2019 et 4,8% en 2018, en raison principalement des contreperformances des industries agro-alimentaires et manufacturières induites, d’une part, par le ralentissement enregistré dans le secteur agricole et, d’autre part, par la baisse de la demande nationale et internationale du fait de la pandémie. La production d’eau et d’électricité, par contre, affiche une nette amélioration par rapport à son niveau déjà élevé en 2019. Ainsi, la valeur ajoutée de cette branche s’inscrirait en hausse de 13,4% en 2020 contre 10,3% en 2019. Cette amélioration est imputable à la mise en service, en août 2019, de la centrale duale de Maria-Gléta2, d’une capacité de 127 MW, qui a fonctionné durant toute l’année 2020 contre seulement quatre (04) mois en 2019.
Dans le secteur tertiaire , la valeur ajoutée s’est affichée en hausse de 4,5% en 2020 contre 6,0% en 2019 et 6,9% en 2018. Ce ralentissement est principalement imputable aux services marchands qui ont surtout subi les effets néfastes de la pandémie du coronavirus et des principales mesures de riposte.
En ce qui concerne les services non marchands, ils ont globalement participé au renforcement du dynamisme du secteur tertiaire. On note une hausse notable de la croissance des branches administration publique et sécurité sociale, éducation, santé et action sociale, reflet de l’ensemble des dépenses engagées par l’Etat pour la continuité du service public en période de pandémie et surtout pour la mise en œuvre des mesures de riposte sanitaire et économique.
Du côté de la demande, la croissance a été portée principalement par la consommation finale et l’investissement, notamment l’investissement public. En effet, l’investissement public a connu en 2020 une montée fulgurante, en rapport avec l’approvisionnement par l’Etat des équipements médicaux dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire et la construction de divers locaux devant abriter les malades de COVID-19. Ainsi, les dépenses d’investissement public sont passées de 330,4 milliards FCFA en 2019 à 622,4 milliards FCFA en 2020, soit une augmentation de 88,4%. Les investissements privés ont par contre régressé, perturbés par la pandémie de COVID19. En somme, le taux d’investissement est ressorti à 25,6% en 2020 comme en 2019.
Au niveau des prix, le taux d’inflation, mesuré par l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC), est ressorti à 3,0% à fin décembre 2020 contre -0,9% en 2019 et 0,8% en 2018. La hausse du niveau général des prix en 2020 est imputable, d’une part, à une baisse de l’offre et, d’autre part, à une pression sur la demande nationale de produits agricoles en provenance de certains pays de la sous-région
Environnement économique au premier semestre 2021 et perspectives
Au plan national, la conjoncture économique au premier semestre 2021 a été globalement marquée par : i) une forte reprise du trafic portuaire, favorisée notamment par l’ouverture des frontières nigérianes et la reprise de l’économie mondiale après le choc enregistré en 2020 ; ii) une tendance haussière des indicateurs économiques tels que : a) l’indice global du chiffre d’affaires, et b) le niveau de l’indice global de l’emploi dans les grandes entreprises ; iii) un niveau des prix contenus ; iv) une augmentation de la masse monétaire.
L’activité au Port de Cotonou a été vigoureuse au premier semestre 2021, tirée en grande partie par le commerce de réexportation vers le Nigéria et la reprise économique au plan mondiale. En effet, le Nigéria a procédé officiellement, le 31 décembre 2020, à l’ouverture de ses frontières terrestres, fermées depuis le 20 août 2019. Les flux commerciaux entre les deux pays sont à présent rétablis.
L’activité économique, analysée du point de vue de la dynamique des grandes entreprises, indique une conjoncture favorable avec un Indice global du Chiffre d’Affaires (ICA) ressorti en hausse de 17,6% (115,4 à fin juin 2021 contre 98,1 à la même période de l’année 2020), à fin juin 2021. Cette dynamique est principalement portée par les « services d’hébergement et de restauration » (+55,1%), l’« électricité, gaz et eau » (+42,0%) et les services d’« assurances » (+39,5%).
L’activité au Port de Cotonou a été vigoureuse au premier semestre 2021, tirée en grande partie par le commerce de réexportation vers le Nigéria et la reprise économique au plan mondiale
L’analyse du niveau de l’emploi dans les grandes entreprises à fin juin 2021 révèle un progrès de 7,4% en glissement annuel, tiré principalement par les branches « construction et les travaux de construction (+17,3%) », « électricité, gaz et eau (+45,2%) » et « commerce (+8,0%) ».
S’agissant des prix, l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC) est ressorti à fin juin 2021 à 109,2 contre 106,3 un mois plus tôt, soit une hausse de 2,7%. L’évolution mensuelle à la hausse de l’indice est imputable essentiellement au renchérissement des prix des biens des fonctions « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées » (+6,4%) et « Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles » (+1,4%). Les groupes de biens qui ont plus favorisé l’augmentation de la fonction « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées » sont : « Légumes frais en fruits ou racine (+42,1%) », « Huiles (+13,4%) », « Autres produits à base de tubercules et de plantain (+13,1%) ». Quant à la fonction « Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles », sa progression a été tirée par les « Combustibles solides (+11,9%) ». Le taux d’inflation à fin juin 2021, suivant la définition adoptée dans l’espace UEMOA, est de 2,1%.
Au regard de l’évolution prévisible de la conjoncture économique au plan national et des perspectives économiques mondiales publiées par le FMI en juillet 2021, le taux de croissance pour 2021 s’établirait à 7,0% contre 3,8% en 2020. Cette croissance serait portée par : i) la forte hausse du trafic portuaire au-delà des attentes, en lien avec l’ouverture des frontières du Nigéria et la reprise de l’économie internationale ; ii) l’accélération de la construction des infrastructures socio-économiques en raison de la disponibilité à temps des ressources, notamment à travers les deux émissions obligataires internationales et les allocations de Droit de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI ; iii) le dynamisme mieux que prévu de l’activité dans les branches liées au tourisme.
Perspectives économiques pour 2022
Les orientations de politique économique pour 2022 sont dictées par les lignes directrices du Plan National de Développement (PND) 2018-2025 et découleront des priorités du Gouvernement sur la période 2021-2026. Deux principaux axes focaliseront la politique économique en 2022 : i) la consolidation des acquis du PAG 2016-2021 qui a permis de mettre en place les fondements de la transformation structurelles et ; ii) le relèvement des chaînes de valeurs ajoutées pour le développement du secteur de la transformation. Cette politique économique sera associée à une stratégie de diffusion des fruits de la croissance, notamment vers les couches des plus vulnérables. A cet effet, l’État mettra en œuvre des projets à fort impact social et ceux en cours comme le projet ARCH seront accélérés.
De même, l’État restera résolument engagé sur la mise en œuvre des objectifs de Développement Durable (ODD) dont les cibles prioritaires sont déjà retenues et pour lesquelles un système de suivi est mis en place et opérationnel. A cet effet, le Bénin a été le premier pays en Afrique à émettre en juillet 2021, un euro-bond orienté exclusivement vers le financement des projets à fort impact sur les ODD.
Dans le secteur primaire, la valeur ajoutée progresserait de 6,5% à la hausse contre une prévision de +3,2% pour 2021, tirée principalement par la production agricole. Il est en effet attendu une remontée de la production agricole, en lien, d’une part, avec une meilleure pluviométrie et, d’autre part, avec la poursuite des réformes en cours dans le secteur.
Dans le secteur secondaire, la valeur ajoutée s’améliorerait de 10,2% en 2022 contre +10,5% en 2021, tirée par l’ensemble des branches d’activité, en particulier celle relative à l’énergie.
Dans le secteur tertiaire, la valeur ajoutée devrait également s’améliorer en 2022. La progression attendue serait portée aussi bien par les services marchands que non marchands. Le taux de croissance du secteur s’afficherait à 5,9% en 2022 contre 7,2% en 2021.
L’amélioration de la croissance dans ce secteur serait soutenue par :
- la poursuite de la hausse du trafic au port, en lien avec l’ensemble des mesures en cours de modernisation de l’espace portuaire national ;
- la poursuite de la promotion du tourisme et ses implications sur les activités des hôtels, restaurants, entreprises de transport, etc. ;
- l’élargissement de la base assurable et le développement des activités d’assurance en lien avec l’opérationnalisation de l’assurance maladie pour tous ;
- le dynamisme de l’activité commerciale en raison de l’évolution attendue dans les secteurs primaire et secondaire et ses effets induits sur les activités bancaires ;
- la tendance robuste attendue dans le secteur des télécommunication en lien avec une demande qui resterait vigoureuse ;
- l’augmentation des dépenses sociales, notamment à l’endroit des couches des plus défavorisées, etc.